
Engagé pour la justice et la démocratie, Dany Ayida, figure marquante de la société civile togolaise, partage son expérience et ses réflexions sur l’organisation de la désobéissance civile face à un régime autoritaire. Monsieur Ayida est également un expert international des questions de démocratie et d’Etat de droit. Dans cet entretien, il dévoile les stratégies clés pour mobiliser les citoyens, les formes d’actions non-violentes les plus efficaces, et le rôle crucial des médias dans la lutte pour les droits et libertés.
Le Temps: Pour commencer, pourriez-vous nous expliquer pourquoi organiser la désobéissance civile est crucial face à un régime autoritaire comme celui en place au Togo ?
Dany Ayida: Organiser la désobéissance civile est essentiel car c’est un moyen puissant pour les citoyens de faire entendre leur voix et de défendre leurs droits et libertés. Face à un régime autoritaire, les voies de dialogue traditionnelles sont souvent bloquées, et la désobéissance civile devient un outil nécessaire pour dénoncer les injustices et exiger des changements. Dans le cas précis du Togo, le processus démocratique a échoué et l’Etat de droit a été détourné au profit d’un groupe et au détriment du reste de la population. La désobéissance s’impose dans ce cas comme moyen d’expression et de lutte.
Le Temps: Quelles sont les premières étapes pour structurer efficacement un mouvement de désobéissance civile ?
Dany Ayida: La première étape est d’établir une vision claire. Il faut définir les objectifs précis de la désobéissance, les injustices à dénoncer, et la cause que l’on défend. Ensuite, il est crucial de créer un réseau de soutien solide, en rassemblant des personnes partageant les mêmes valeurs, des militants, des organisations de la société civile, des avocats, des journalistes, les citoyens de la diaspora, etc…
Le Temps: Comment sensibiliser et mobiliser le public autour de cette cause ?
Dany Ayida: L’éducation et la sensibilisation sont fondamentales. Il faut informer le public sur les injustices et les abus du régime en utilisant tous les moyens de communication disponibles : réseaux sociaux, tracts, réunions publiques. C’est ce que Aamron avait commencé à faire en temps d’artiste engagé. L’objectif est de conscientiser la population et de la mobiliser autour de la cause.
Le Temps: Quelles formes d’actions non-violentes recommandez-vous ?
Dany Ayida: La désobéissance civile doit toujours être pacifique. Nous recommandons des manifestations, des sit-in, des grèves, ou des campagnes de boycott. Ces actions doivent perturber le fonctionnement normal du régime sans recourir à la violence, afin de maintenir le soutien du public et d’attirer l’attention des médias. Il faut que des gens prennent la responsabilité d’organiser les groupes pour éviter le désordre.
Le Temps: La sécurité des participants est-elle une préoccupation majeure ?
Dany Ayida: Absolument. Il est essentiel d’anticiper les répercussions possibles et de préparer des mesures de sécurité. Informer les participants sur leurs droits, établir des protocoles de sécurité, et créer des canaux de communication sécurisés sont des mesures indispensables pour éviter les surveillances et les répressions. Nous conseillons au groupes organisés dans les quartiers et des zones clés de mettre en place des services d’ordre et de donner des consignes que chacun doit respecter.
Le Temps: Quel rôle les médias jouent-ils dans ce type de mouvement ?
Dany Ayida: Les médias jouent un rôle crucial. Il faut documenter les actions et les partager avec les médias pour amplifier le message et attirer l’attention internationale. Créer des contenus engageants, comme des vidéos et des témoignages, peut toucher un public plus large et renforcer l’impact de la désobéissance civile.
Le Temps : Enfin, comment assurer la durabilité d’un tel mouvement ?
Dany Ayida: La désobéissance civile n’est pas un acte ponctuel. Il faut construire une résistance durable, évaluer régulièrement les résultats des actions, et ajuster la stratégie en conséquence. On ne peut pas organiser de telles actions sans une solide organisation derrière et un plan d’action bien réfléchi. Il est essentiel de rester unis et de continuer à mobiliser des ressources pour soutenir la cause sur le long terme.
Le Temps: Merci beaucoup, Monsieur Ayida, pour ces éclaircissements précieux.
Dany Ayida: C’est moi qui vous remercie.
Propos recueillis par Joséphine BAWA
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