L’Artiste Engagé Aamron Arrêté : Un Signe de Faiblesse du Régime de la 5ème République

Hier 26 mai 2025, aux alentours de 21 heures, une intervention musclée a eu lieu au domicile de l’artiste engagé Aamron (Essowe Tchalla à l’état civil), où une escouade d’hommes armés, décrits tantôt comme des gendarmes, tantôt comme des militaires, a procédé à son arrestation. Actuellement, Aamron est détenu au SCRIC, l’ancienne brigade anti-gang de la gendarmerie togolaise, suscitant une vive inquiétude au sein de la population.

Cette arrestation fait suite à l’engagement public d’Aamron sur les réseaux sociaux, particulièrement après un billet très caustique contre le régime publié par l’ancienne ministre des Armées, Mme Gnakadé. L’artiste, connu pour ses positions critiques à l’égard du pouvoir en place, avait récemment organisé des sessions de live très suivies sur TikTok, au cours desquelles il défiait directement  Faure Gnassingbé. Il l’invitait à faire le bilan de ses 20 années de règne et à envisager de se retirer.

Aamron, fils d’un colonel de l’armée togolaise à la retraite et membre de l’ethnie Kabyè (la même que Faure Gnassingbé), a longtemps été perçu comme un individu du système. Toutefois, son discours a évolué, reconnaissant son appartenance à ce qu’il qualifie de « minorité pilleuse ». Il a exhorté la jeunesse togolaise à se mobiliser et à s’engager pour la libération du Togo, incitant ainsi à une prise de conscience collective.

Un citoyen consciencieux

Au cours des deux dernières semaines, selon les habitués des lives d’Aamron, ce dernier a fait montre d’une détermination extraordinaire. Il était conscient des risques qu’il courait et aurait même exprimé son étonnement de n’avoir pas encore été arrêté depuis la semaine passée. Il disait  »je sais que je suis déjà mort » ou encore « je suis fatigué ce cette fausse liberté » et « je veux aller aussi goûter à  la prison civile de Lomé ». Il savait qu’il provoquait mais était prêt à en payer le prix.

Lire également: Tribune: « Vingt ans d’espoirs déçus sous Faure Gnassingbé : l’heure du bilan

Une initiative récente de l’artiste, qui a appelé les Togolais à se préparer pour « faire un cadeau d’anniversaire à Faure Gnassingbé » le 6 juin prochain, semble avoir été le déclencheur de cette réaction des autorités. Dans un message empreint d’ironie, Aamron a cherché à tourner en dérision le président-monarque, soulignant ses échecs qu’il présentait comme des succès.

L’arrestation de ce rappeur ne suffit pourtant pas à étouffer le mécontentement grandissant au Togo. Les critiques à l’encontre du régime de Faure Gnassingbé se multiplient, et l’opinion publique ne se laisse pas dissuader par cette répression. En effet, l’impasse dans laquelle se trouve le régime se manifeste également par son incapacité à s’attaquer à d’autres figures critiques, comme dame Marguerite Gnakadé, qui, elle aussi, n’a pas hésité à dénoncer les dérives  et les échecs du pouvoir.

Ainsi, bien qu’un Aamron soit arrêté, des centaines d’autres voix s’élèvent à travers le pays au sein de la jeunesse et dans d’autres couches de la société, prêtes à défendre leurs idées et à contester l’autorité. L’arrestation d’Aaron pourrait bien être perçue comme un aveu de faiblesse de la part d’un régime aux abois, incapable de gérer la colère populaire grandissante face à deux décennies de gouvernance contestée.

Aujourd’hui, Aamron est devenu l’icône et le symbole incontesté de la lutte des Togolais contre l’autocratie et le mal vivre et la mauvaise gouvernance du régime UNIR.

Joséphine Bawa


En savoir plus sur Le Temps

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Soutenir la Rédaction

A propos Rédaction Le Temps 1001 Articles
La Rédaction Le Temps. Une équipe dévouée de journalistes professionnels. Depuis 1999, nous servons à nos lecteurs des informations et analyses de qualités. Notre ligne éditoriale est conforme aux intérêts supérieurs du Togo. Contact: [email protected]/[email protected]

Laisser un commentaire