Mort suspecte de deux présumés braqueurs : la CNDH dédouane la police mais ne l’innocente pas

La Commission nationale des droits de l’homme publie un rapport flou sur la responsabilité de la police dans l’exécution de deux présumés braqueurs et refile la patate chaude au ministre de la Justice. La CNDH reconnait implicitement n’avoir pas eu accès libre à toutes les informations.

Sans tambour ni trompette, mais de façon cachottière et très peu responsable venant d’une  haute institution de la République chargée des droits de l’homme, la CNDH a rendu public le 19 décembre 2019, son rapport sur la mort suspecte de deux présumés braqueurs abattus par le GIPN, « au petit matin » du 28 juillet dernier 2019.

Pour rappel, le directeur général de la Police nationale, Yaovi Okpaoul, a déclaré au cours d’une conférence de presse dans la journée du 28 juillet 2019,  que ses éléments ont abattu deux braqueurs au cours d’une opération.

Des échanges nourris ont eu lieu entre les policiers et les malfaiteurs. Et « heureusement, a expliqué Yaovi Okpaoul, directeur général de la police nationale, les malfrats avaient des fusils de petit calibre ». L’image de la scène du crime laisse planer des doutes quant à la réalité des faits.

Mais dans l’après-midi, un grain de sable enraye la communication du directeur de la police nationale. Des vidéos et des messages vocaux  sur les réseaux sociaux infirment la version de la Police nationale.   Les parents des deux présumés braqueurs, les nommés Amouzou Koffi alias « Cimétière » et Mlatawo Dekpo, affirment que les enfants ont été enlevés dans la nuit du 27 juillet par des corps habillés. Les parents accusent et l’opinion accusent alors la  Devant le tollé soulevé par une telle information, la CNDH s’est autosaisie quelques jours plus tard pour mener des investigations.

Les conclusions de la CNDH

Des investigations, la CNDH avance   :

  • les nommés Amouzou Koffi alias « Cimétière » et Mlatawo Dekpo ont été effectivement enlevés dans la nuit du 27 juillet par des hommes habillés en « sodja » ;
  • qu’elle ignore les circonstances de la mort des deux présumés braqueurs mais affirme qu’ils ont été abattus à Kagnikopé au niveau de l’usine Sototoles.
  • Elle écarte l’hypothèse selon laquelle les « présumés braqueurs auraient été tués ailleurs et leurs corps déposés » à Kagnikopé au niveau de l’usine Sototoles ;  
  • Elle ignore si les braqueurs enlevés la nuit du 27 juillet « étaient délibérément sortis pour aller commettre un braquage » ;
  • Elle n’a pas pu trouver d’éléments rendant responsable le GIPN de l’enlèvement des présumés braqueurs et par conséquent émet des doutes sur la responsabilité des agents du GIGN dans l’enlèvement des braqueurs présumés ;
  • Elle note que le commandant du GIGN est effectivement le responsable de l’opération anti-braquage ; une opération montée sur la base d’éléments fournis par un informateur ;
  • Mais la CNDH  n’a pas eu accès à cet informateur.
  • Elle n’écarte pas que l’éventualité de l’enlèvement des braqueurs par d’autres personnes non identifiées.

En conclusion, la CNDH estime que seule « l’audition de l’informateur permettra d’identifier les auteurs de l’enlèvement des présumés braqueurs ».

Grosso modo, la CNDH dédouane le GIGN sans vraiment le dédouaner  puisque la Police nationale a visiblement refusé de donner le nom de l’informateur.

« Par conséquent, la CNDH La Commission recommande au garde des sceaux, l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire toute la lumière sur les zones d’ombre».

Elle recommande en outre au ministre de la Sécurité et de la Protection civile de » garantir la sécurité de tous les parents, témoins, et sachants qui sont intervenus dans le cadre de cette enquête ».

Visiblement, la CNDH n’a fait qu’enfoncer une porte ouverte. Certes, on ose penser que l’affaire n’est pas close, mais personne ne peut visiblement se satisfaire de cette enquête.

Télécharger ici le résumé du rapport de la CNDH en PDF.


En savoir plus sur Le Temps

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

A propos Komi Dovlovi 1135 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

Laisser un commentaire