Togo: Démission du gouvernement Dogbe-Tomegah ce 22 mai

La première ministre Victoire Dogbe-Tomegah a présenté sa démission ce 22 mai au président de le République, Faure Gnassigbe. Cette démission intervient à la suite de la proclamation des résultats des législatives le 13 mai dernier, suivie ce 22 mai  de la séance de droit des députés de la 7ème législature.

Mme Dogbe-Tomegah est l’une des femmes voire la femme politique la plus influente du pays. Elle accède à la Primature en 2020 après avoir travaillé aux côtés de Faure Gnassigbe pendant 11 ans comme inamovible directrice du cabinet. Elle cumulait ce poste avec le grand ministère du Développement à la base, créé sur pièce pour elle et l’un des plus gros budgets du gouvernement.

À la Primature, elle a pris la succession du non moins influent Komi Klassou, baron du Haho et fieffé militant du RPT.

Le bilan de la première ministre est négative sur la ligne. Arrivée en pleine crise de la covid-19, son premier ministre a été fortement impacté par la récession mondiale due à la crise sanitaire.

Cependant, sa gestion de la crise sanitaire fut émaillée de gros soupçons de corruption. Un rapport de la Cour des comptes a mis au jour de lourds dysfonctionnements de la gestion des appuis financiers des partenaires au développement. Plusieurs dizaines de milliards CFA furent engloutis dans des opérations d’achats douteuses. Presque tous les ministères étaient touchés par les révélations de la Cour des comptes.

De même, son long passage à la tête du ministère du Développement à la base s’est illustré par un bilan négatif. En plus d’une décennie de gestion, elle aurait englouti plusieurs dizaines de milliards sans aucun bénéfice ostensible sur le niveau de vie des masses paysannes.

Bilan désastreux et faire-valoir de la dictature 

Par contre, par sa politique clientéliste de saupoudrage économique, elle aura favorisé la mainmise du pouvoir sur certaines classes populaires et le milieu rural.

Sur le plan purement politique, à l’extinction des partis politiques comme le CAR et la  CDPA du Sud-ouest maritime, elle a su s’imposer par une implantation du parti UNIR. Des pratiques comme le débauchage, l’achat de conscience,  sans oublier les soupçons de fraudes massives, lui ont permis de rafler tous les sièges en jeu dans cette région.

Femme influente, mais femme de peu de pouvoir en réalité, au service de la dictature et du dictateur avec qui elle entretiendrait des rapports ambigus.

Le poste de Premier ministre étant vidé de toute sa substance depuis les charcutages constitutionnels, Mme Dogbe-Tomegah apparaît plutôt, à l’instar  des autres femmes du système, comme un faire-valoir et une caution d’un branding qui veut présenter le régime togolais comme l’un des plus progressistes au monde sur le plan de la place de la femme en politique.

 

A propos Komi Dovlovi 1071 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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