Selon une source digne de foi proche d’un parti politique, les experts de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) auraient recommandé au gouvernement togolais l’annulation pure et simple du scrutin du 25 avril et la reprise à zéro du processus électoral. Selon les experts, la corruption du fichier électoral est de nature à compromettre dangereusement le déroulement du prochain scrutin. Ils recommandent donc une annulation du scrutin, le temps que le gouvernement et la classe politique trouvent un consensus pour réinitialiser le processus électoral. Le scrutin devait se tenir précédemment le 15 avril 2015, avant d’être reporté de dix jours à la demande du Président John Dramani Mahatma, président en exercice de la CEDEAO, lequel a déclaré l’état du fichier électoral nécessite du temps pour un nettoyage.
Le Gouvernement du Togo n’est pas de cet avis et fait un bras de fer avec les experts de l’OIF pour éviter la publication du rapport d’une mission d’experts demandée par lui-même. Le rapport devrait normalement être divulgué le 30 mars dernier. Le pouvoir UNIR voulait avoir le rapport et en disposer selon son entendement, c’est à dire passer outre les recommandations et organiser le scrutin ce 25 avril à tout prix. Une interprétation à laquelle s’oppose l’OIF.
Les experts de l’OIF quitteront la capitale togolaise ce lundi 6 avril après long bras de fer avec le gouvernement sur la publication du rapport ou non. Difficile de savoir dans quelles conditions et de quelle manière le public togolais aura connaissance des résultats de l’expertise de la mission. Il appartiendrait finalement à la représentation du Bureau régional de l’OIF à Lomé de rendre public le rapport des experts.
Mission de médiation de l’OIF
Ne voulant pas se compromettre dans un processus électoral qui sent déjà le souffre, le premier processus dans lequel est impliquée son organisation depuis sa réélection à Dakar en décembre 2014, la Secrétaire générale de l’OIF s’appête à envoyer dans les tout prochains jours Philippe Sawadogo, un diplomate burkinabé, auprès des acteurs politiques, pouvoir et opposition compris. Le médiateur aura pour tâche d’amener les protagonistes à trouver un consensus en vue de redémarrer le processus sur de bons rails avec l’audit du fichier électoral.
D’une observation purement technique, l’audit du fichier électoral est devenu une question politique incontournable, le cœur du scrutin présidentiel, mais aussi un boulet pour le parti au pouvoir. Cheval de bataille du candidat Alberto Olympio, du Parti des Togolais, le fichier électoral a même supplanté les problèmes de réformes constitutionnelle et institutionnelle.
Fichier électoral chaotique
Une analyse d’une copie du fichier électoral ayant servi à l’élection législative de 2013 en version PDF fait ressortir 259.735 doublons sur 2.957.018 électeurs, soit environ 8,78%. Ce qui est considérable dans une élection présidentielle uninominale à un tour. On note que les électeurs de la tranche d’âges 65 ans et plus, représentent 4,13% alors que les chiffres de la Banque Mondiale indiquent que cette tranche représente 2,7% de la population togolaise. On constate également qu’à chaque élection présidentielle le nombre d’électeurs croît considérablement alors qu’il décroît grandement lors des élections législative.
A noter que que “cette analyse a été faite uniquement sur des électeurs dont les nom, prénom, nom du père, nom de la mère, genre, profession et l’âge sont rigoureusement identiques. Aucune comparaison biométrique n’est faite ni reconnaissance faciale, ces informations étant indisponibles dans le fichier qui a servi à cette étude”, selon le Parti des Togolais.
Selon Alberto Olympio, il y aurait 17 à 25% de doublons dans le fichier de 2015, si l’on excepte une étude biométrique et la reconnaissance faciale. Ce qui dénote d’un vrai chaos dans le fichier électoral à la disposition de la CENI.
Les Togolais ont la phobie des élections qui débouche toujours sur la violence. En 2005, les violences, pré, per, et post-électorales ont fait plus 400 à 1000 morts selon les organisations des droits de l’homme nationales et internationales, et plus de 40.000 de réfugiés à l’extérieur.
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