Côte d’Ivoire: L’élection présidentielle de toutes les incertitudes

L’élection présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d’Ivoire s’annonce comme un véritable tournant pour le pays, un moment charnière qui pourrait redéfinir son avenir politique. À quelques mois de cet événement crucial, le climat politique est déjà marqué par des tensions palpables, des contestations et des incertitudes qui soulèvent des questions essentielles sur la stabilité du processus électoral.

Un fichier électoral contesté

Au cœur de ces préoccupations se trouve le fichier électoral, un élément fondamental pour garantir la transparence et la légitimité du scrutin. Malheureusement, celui-ci est déjà mis en doute par de nombreux acteurs politiques et membres de la société civile. La Commission électorale, censée être un garant de l’intégrité des élections, est également contestée. Certains protagonistes exigent qu’elle soit recomposée afin de refléter les forces en présence. D’autres acteurs demandent qu’un dialogue soit organisé. Mais le Président Dramane Ouattara et son parti le RHDP ne veulent rien entendre. Ces contestations nourrissent un climat de méfiance qui risque de déboucher sur des violences, comme cela a été le cas par le passé.

Candidatures incertaines

Les candidatures de figures emblématiques comme Laurent Gbagbo et Tidiane Thiam suscitent également des débats enflammés. Gbagbo, ancien président, a déjà connu les affres de la justice et les tumultes de la politique ivoirienne. Sa candidature ne sera pas sans risque, tant sur le plan légal que sur le plan de l’acceptation populaire. Quant à Tidiane Thiam, ancien directeur général de Credit Suisse, son retour sur la scène politique pourrait être perçu comme une tentative de « sauvetage » du pays, mais il est également confronté à des défis de légitimité et de reconnaissance. Les luttes internes au sein du PDCI-RDA et la question de la nationalité de Thiam ainsi que sa radiation de la liste électorale sont autant de problèmes qui compliquent le processus.

L’ancien Premier ministre Guillaume Soro, qui a joué un rôle clé dans la politique ivoirienne, est contraint à l’exil, ce qui souligne les tensions internes au sein même de la classe politique. Son absence sur le terrain politique pose la question de l’équilibre des forces en présence et de la diversité des opinions qui devraient être représentées lors de cette élection critique. Les dissensions et les rivalités personnelles risquent de nuire à l’unité nécessaire pour un scrutin apaisé.

Une société en tension

La société ivoirienne ressent déjà les frissons d’une tension croissante. Les clivages politiques, ethniques et régionaux se font de plus en plus marquants, et la peur d’un retour à la violence est omniprésente dans l’esprit des Ivoiriens.  A l’approche du scrutin présidentiel, des observateurs font état de l’émergence de discours haineux et d’autres tensions qui font craindre des violences au niveau communautaire. Les souvenirs des crises passées sont encore frais dans les mémoires, et chaque mouvement politique est scruté avec méfiance.

Alassane Dramane Ouattara : un quatrième mandat en vue

Dans ce contexte troublé, le président Alassane Ouattara semble vouloir briguer un quatrième mandat. Cette décision, bien que légitime sur le plan constitutionnel, suscite des interrogations sur sa volonté de réellement pacifier le pays et d’encourager un renouvellement de la classe politique. La question qui se pose est celle de l’alternance : la Côte d’Ivoire peut-elle espérer un changement pacifique  avec un président en place depuis deux  décennies ? Quand on sait que cet acteur politique a été un des héritiers de l’ex-président Houphouet-Boigny, et comment la mort de ce dernier avait plongé la Côte d’Ivoire dans une longue période d’instabilité, il de quoi s’interroger.

Pourquoi la Côte d’Ivoire peine à stabiliser son processus politique ?

La Côte d’Ivoire n’arrive pas à stabiliser son processus politique en raison de plusieurs facteurs. D’une part, les tensions ethniques et régionales continuent de fracturer la société. D’autre part, l’absence de dialogue constructif entre les différents acteurs politiques alimente un climat de suspicion. Les institutions, censées être les garantes de la démocratie, sont souvent perçues comme partisanes, ce qui renforce la défiance de la population envers le système.

La situation actuelle présente plusieurs risques pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Si le climat de méfiance et de tension persiste, le pays pourrait connaître une nouvelle crise politique, avec des conséquences désastreuses pour la cohésion sociale et le développement économique. De plus, l’isolement de certains leaders politiques pourrait exacerber les conflits, rendant le dialogue encore plus difficile.

L’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire est un moment décisif qui pourrait soit ouvrir la voie à une véritable réconciliation nationale, soit plonger le pays dans un nouveau cycle de violence et d’instabilité. Il est impératif que tous les acteurs impliqués, y compris la société civile, les partis politiques et les institutions, s’engagent dans un dialogue constructif pour garantir un processus électoral transparent et inclusif. La Côte d’Ivoire mérite un avenir où la paix et la démocratie prévalent, et cela ne sera possible qu’à travers un engagement collectif en faveur de la stabilité et de l’unité nationale.

K. Agboglati


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