Nécrologie : Décès de l’ex président malien Ahmadou Toumani Touré

Appelé familièrement par ses initiales ATT, l’ancien président malien est décédé en Turquie où il était évacué après une opération du cœur.

« Il avait récemment été opéré à l’hôpital du Luxembourg de Bamako, qu’il a créé, a précisé un médecin de cet établissement sous couvert d’anonymat. Tout semblait aller bien. On a décidé ensuite de l’évacuer sanitairement. Il a voyagé [vers] la Turquie très récemment par un vol régulier. Malheureusement, il est décédé dans la nuit de lundi à mardi», rapporte notre confrère Jeune Afrique. Il était âgé de 72 ans. Il était revenu d’exil en décembre 2019.

C’est une page de l’histoire du Mali qui se ferme avec l’annonce de la mort du président Ahmadou Toumani Touré dit ATT. Il aura marqué l’histoire politique du Mali par son coup d’Etat le 26 mars  1991 après que la soldatesque de Moussa Traoré a tiré sur une manifestation de lycées faisant plusieurs dizaines de morts. Le pays vivait alors depuis 1968 sous le régime du général Moussa Traoré tombeur du socialiste et père de l’indépendance Modibo Keita en 1968.

Lieutenant-colonel, il prit la tête d’un Comité de transition pour le salut du peuple qui  conduit la transition vers les premières élections démocratiques qui ont porté au pouvoir l’historien Alpha Oumar Konaré et son parti l’Alliance de la démocratie malienne (Adema).

Deuxième mandat marqué par l’effondrement de l’Etat

ATT reviendra aux affaires après avoir démissionné de l’armée en l’an 2000, succédant à Alpha Oumar Konaré comme deuxième président d’un Mali post-parti unique.

Cependant, en dépit d’une grande popularité sur le théâtre politique, son second mandat fut assombri par l’irrédentisme touarègue, la résurgence islamiste, l’affaiblissement du parlement. Président sans parti, ATT a dû composer avec une classe politique plutôt préoccupée par des intérêts personnels que la construction d’un pays pauvre et miné par la corruption.

Un coup d’Etat du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), dirigé par Amadou Haya Sanogo, mit brutalement fin à ce funeste second mandat.

Depuis le Mali est entré dans une zone de turbulences. Malgré l’interruption du régime de sergent Sanogo et le retour de la démocratie grâce à l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita.

Ce dernier connut quasiment le même sort que le président ATT. Un coup d’Etat conduit par le colonel Assimi Goïta interrompt par sa présidence. Le Mali vit désormais une transition sous la houlette du Comité national de salut public (CNSP).

A propos Komi Dovlovi 1071 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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