Arrestation du Colonel Amblesso N’Soua Kokouvi, suspecté d’être un proche d’Agbeyome Kodjo

Faure Gnassingbe passant passant en revue des officiers supérieurs de l'armée

D’après sa sœur, le colonel Amblesso N’Soua Kokouvi a été arrêté pour des raisons d’activités politiques contre le régime de Faure Gnassingbe.

L’information s’est répandue comme une traînée de poudre vendredi matin grâce à un audio d’une dame, se présentant comme la sœur d’un colonel nommé Amblesso N’Soua Kokouvi. Elle évoque l’arrestation de son frère à Dapaong, où il serait en mission, le dimanche 23 février dernier.  Cependant, on l’a retrouvé au SRI (Service de renseignement et d’investigation) à Lomé. La famille n’avait plus de ses nouvelles depuis la nuit du 23 février, après la proclamation des résultats. Et ce n’est que quatre jours plus tard qu’elle a reçu l’information de son arrestation et sa détention au SRI. Quand sa sœur était allée le voir, ce dernier lui recommande de bien s’occuper de leur mère et surtout de lui faire un enterrement digne, en cas de décès. Des mots lourds de sens. Le colonel laisse ainsi comprendre à sa sœur que son sort est réglé par la hiérarchie militaire. « Les charges contre [lui] sont très lourdes », rapporte sa sœur. L’audio est un appel téléphonique au secours de la sœur à une épouse d’un officier supérieur des Forces armées togolaises. Elle implorait l’intervention de cette dernière.

Le malheur qui arrive au colonel,  affirme sa sœur, s’explique par le militantisme de son petit frère maternel, Amblesso Kossivi, aux côtés d’Agbeyome Kodjo, candidat à la présidentielle 2020, qui revendique la victoire. Amblesso Kossivi, directeur et fondateur d’une école privée, fut un obstacle majeur à la fraude à Tabligbo et dans le Yoto, selon sa soeur. A la suite de cela, dimanche 23 février, quelqu’un aurait demandé au colonel s’il serait disposé à travailler pour Agbeyome Kodjo en cas d’accession de ce dernier à la présidence. Une demande à laquelle le discret colonel aurait répondu par un « on verra bien ».

Une longue histoire de purges depuis le début du processus démocratique

D’après un de ses neveux, le colonel Amblesso N’Soua Kokouvi est marié à une Française et a quatre enfants. Sa famille réside en France. Il est à huit (8) mois de la retraite et a fait carrière auprès de Yark Damehame au Ministère de la Sécurité et de la Protection civile, puis à la Direction de la Sûreté. Discret, il est inconnu aux bataillons.

L’armée togolaise est très susceptible devant les cas de dissidence présumée. Il y a une longue histoire de purges dont plusieurs officiers en ont fait les frais sous la dictature du général Eyadema, et surtout depuis le processus de démocratisation en 1990.

Sous le régime de son fils, certains officiers ont été condamnés dans l’affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat dans laquelle était impliqué Kpatcha Gnassingbé, le demi-frère du chef de l’Etat actuel.

En 2017, l’émergence du PNP a entrainé la mise sur la touche de quelques officiers supérieurs Tem. Ainsi au soir du 19 août 2019, le colonel Agnorou, officier supérieur  d’ethnie Tem, commandant du camp de bérets rouges de Témedja, a été immédiatement relevé de ses fonctions, et mis au placard à Lomé.

Le pouvoir togolais est un régime militaire qui se donne un vernis démocratique par des pseudos élections. Le parti au pouvoir n’est que la vitrine politique de l’armée. En dépit de l’interdiction de l’exercice d’activité civile par un militaire d’active, plusieurs officiers dirigent des sociétés d’Etat et militent ouvertement au sein du parti au pouvoir. Le général de division Yark Damehame a battu campagne pour le président sortant, habillé de pieds en cape aux couleurs d’UNIR. Plusieurs officiers supérieurs ont battu campagne à Lomé et à l’intérieur du pays pour le président sortant. Il en est de même de Seyi Mémène, général à la retraite, qui a également fait campagne dans la préfecture de Tchaoudjo pour Faure Gnassingbe. Des dizaines de militaires à la retraite ont fait un rang d’honneur à Faure Gnassingbe au cri d’un “coup K.O”.

Que le Colonel Amblesso N’Soua Kokouvi soit proche ou non d’Agbeyomé Kodjo, il faut s’attendre à ce qu’il vive de moments difficiles. Il peut être accusé de félonie. Et apparemment, il en a conscience, d’où ses dernières recommandations à sa sœur.


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A propos Komi Dovlovi 1098 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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