Les deux dernières années, le Burkina Faso a été victime de plusieurs attaques attribuées aux groupes armés djihadistes installés dans le Nord du pays. Selon notre confrère Africa Intelligence repris par le site burkinabé Lefaso.net, Ouagadougou serait en négociations intenses avec les chefs des groupes terroristes.
Selon Africa Intelligence, le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré a décidé depuis le mois de mars d’utiliser la méthode qui était attribuée à son prédécesseur. Il aurait ainsi initié des contacts avec plusieurs Katibas (unités combattantes) actives dans le Nord du Burkina Faso. L’objectif de la démarche est de “négocier un statu quo avec les combattants. Ainsi, deux émissaires disposant d’un bon carnet d’adresses avec les divers groupes”. C’est ainsi que certains chefs rebelles auraient été reçu au Kosyam (palais de la présidence à Ouagadougou) dans la première semaine de mars.
C’est le président malien Ibrahim Buobakar Kéita qui serait l’entremetteur dans l’affaire. Grâce à son intervention auprès de son homologue burkinabé et à l’action de ses émissaire, notamment le député malien Ahmada Ag Bibi et du leader touareg Bilal Ag Acherif, les contacts auraient été établis avec les groupes djihadistes qui sévissaient dans le pays.
Outre la filière malienne, le leader burkinabé aurait également fait appel à son homologue du Niger pour entamer des discussions avec d’autres groupe, toujours selon l’enquête d’Africa Intelligence. C’est ainsi que le président Kaboré aurait rencontré, plut tôt dans l’année, trois leaders touaregs, parmi lesquels le célèbre El Hadj Ag Gamou, qui a la double casquette d’officier dans l’armée malienne et de chef de la milice GATTIA, qui a notamment combattu l’Etat islamique au Niger en 2017, aux côtés de l’armée française.
Quand les groupes armés franchissent les frontières sud du Burkina
Ces négociations secrètes sont annoncées entre le Burkina Faso et les groupes islamistes du Sahel quelques jours après l’information selon laquelle des éléments djihadistes auraient fait mouvement vers les pays voisins.
En effet le 16 avril 2019, notre confrères Jeune Afrique indiquait dans un article la présence des djihadistes au Bénin, au Togo et au Ghana. Selon le magazine panafricain basé à Paris, « les services de renseignements burkinabè, se basant sur des écoutes téléphoniques, ont alerté les pays voisins sur le fait que plusieurs djihadistes ont quitté l’Est du pays pour se réfugier au Bénin, au Togo et au Ghana ».
On ignore comment les autorités de ces trois pays ont pris l’alerte et la menace. Mais il est clair qu’elles ne peuvent l’ignorer. Le Bénin, le Ghana et le Togo vont-ils à leur tour entamer des discussions avec les chefs djihadistes pour ne pas être attaqués? Rien n’est moins sûr.
Les négociations souterraines et les accords secrets avec les djihadistes est une méthode qui avaient fait ses preuves en Mauritanie. Manifestement le Niger et le Mali l’ont également expérimentées. Quand il était aux affaires, l’ancien président Blaise Compaoré passait pour l’ami des djihadistes: il était devenu négociateur dans les prises d’otages d’occidentaux et son pays n’avait jamais essuyé d’attaque en ce temps.
Joséphine Bawa.
En savoir plus sur Le Temps
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Laisser un commentaire