Nigeria: 7400 chefs religieux mobilisés pour préparer les élections du 16 février

Nigeria La société civile milite pour la transparence électorale

Quelque 7’400 chefs religieux du Nigeria sont mobilisés dans l’ensemble des 36 Etats du pays pour former et sensibiliser les citoyens à leurs devoirs civiques, dans la perspective de l’élection présidentielle et des législatives du 16 février 2019.

Selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI), chargée de l’organisation des élections au Nigeria, 84 millions d’électeurs se sont inscrits sur les listes électorales pour ces élections. Lors des précédents scrutins, en 2015, ils étaient 30,2 millions de Nigérians à se rendre aux urnes. Les élections générales (présidentielles et législatives) ont lieu tous les quatre ans au Nigeria.  Pour la prochaine élection présidentielle, 73 candidats sont en compétition. Le président sortant, Muhammadu Buhari, un musulman sunnite, candidat à sa propre succession, et l’ancien vice-président Atiku Abubakar, également musulman sunnite, sont considérés comme les mieux placés.

Transparence électorale

Les chefs religieux sont engagés par une organisation de la société civile qui milite pour la transparence électorale, ReclaimNaija Grassroots Movement. Il s’agit d’un mouvement social de citoyens de base pour la responsabilité démocratique et le développement inclusif.

Le mouvement a organisé mercredi 23 janvier 2019 à Abuja, la capitale du Nigeria, un forum des dirigeants religieux de haut niveau sur le thème de la responsabilité de dirigeants religieux et des communautés religieuses dans les prochaines élections. A cette occasion, Ngozi Iwere, directrice exécutive du mouvement, et chargée du volet “Projet de vie communautaire (CLP)”, a déclaré que le mouvement voudrait que les dirigeants et les communautés religieuses parlent. “Nous croyons que les Nigérians écoutent, que le monde écoute, que Dieu lui-même écoute leurs voix”, a-t-elle lancé.

Tensions interreligieuses et violences politiques

Elle a exhorté les chefs religieux et les communautés religieuses à promouvoir des élections non partisanes, pacifiques, libres, justes et crédibles. Il est nécessaire que l’éducation des électeurs soit entendue par les voix morales de la société, afin de fournir des conseils aux religieux et aux communautés religieuses sur la manière de se conduire pendant les élections, a encore dit la responsable du mouvement.

Pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 198 millions d’habitants, dont 52% sont musulmans, et 42%, chrétiens, selon les statistiques officielles de 2011, le Nigeria est régulièrement secoué par des violences religieuses ou ethniques. Depuis 2000, au moins 10’000 personnes ont perdu la vie dans des troubles confessionnels ou intercommunautaires.

La menace de Boko Haram

Les violences d’ordre religieux sont aggravées par les attaques et attentats de Boko Haram (qui signifie en langue haoussa ‘l’éducation occidentale est interdite’), un groupe radical musulman qui lutte pour l’islamisation du Nigeria. Ce groupe à l’idéologie salafiste djihadiste est lié à la nébuleuse d’Al-Qaeda. Ses attaques se sont sans discrimination, visant tout autant des mosquées que des églises, prenant pour cible tant des femmes et des filles que des garçons ou des personnes âgées.

La Nigeria est aussi connu pour être l’un des pays où règnent la corruption et le détournement de fonds publics à grande échelle. Face à la gravité de ces fléaux endémiques, le président Buhari avait été contraint de décréter, en juillet 2018, “un état d’urgence contre la corruption”.

Corruption

“Les fonds publics volés par des personnes actuellement jugées ou visées par des enquêtes s’élevaient à 1,6 milliard de dollars”,  avait-il fait remarquer pour expliquer sa décision. “Si le Nigeria ne tue pas la corruption, la corruption tuera le Nigeria tôt ou tard”, avait-il encore ajouté.

Les leaders chrétiens dénoncent souvent l’impunité et la corruption des élites nigérianes, qui sont, pour eux, l’une des principaux arguments qu’utilisent les djihadistes de Boko Haram, qui prétendent que la corruption est née de de la culture occidentale.

(Source:cath.ch/ibc/be)

A propos Joséphine Bawa 55 Articles
Responsable Desk politique et Afrique Joséphine Bawa capitalise 17 ans d'expérience en matière de communication et journalisme. Diplômée de Wit University (Johannesbrg, South Africa) elle a collaboré avec diverses agences de presse internationales dont AP, Reuters. Josephine dirige le desk politique de la Rédaction du journal Le Temps. Joséphine est également consultante auprès de plusieurs cabinets en Afrique et en Amérique du Nord.

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