Vè République au Togo : Panne à l’allumage

Le Togo, sous le régime du parti UNIR, traverse une période tumultueuse marquée par l’adoption d’une nouvelle constitution qui, loin de répondre aux aspirations du peuple, semble plutôt être un instrument de renforcement du pouvoir en place. Adoptée sans consultation populaire, cette constitution suscite des interrogations sur son authenticité et sa légitimité. En effet, depuis le 3 mai, le pays a vu l’émergence d’un Président de la République et d’un Président du Conseil, mais la confusion règne quant à la répartition des pouvoirs au sein de ce nouvel exécutif.

Faure Gnassingbé conserve la réalité des pouvoirs de Chef de l’Etat. Il a des prérogatives qui dépassent le champ de l’exécutif et contrôle même les manoeuvres du parlement. Le président de la République en la personne de Jean Lucien Savi de Tové n’est qu’un « président d’honneur » comme on se plaît à l’appeler à UNIR.

Les atermoiements autour des prérogatives du nouveau Président du Conseil illustrent une improvisation flagrante. Ce qui devait être un régime parlementaire prometteur s’apparente davantage à une illusion, une vue de l’esprit qui ne tient pas face aux réalités du terrain. La nouvelle constitution, mal ficelée, ne parvient pas à instaurer un équilibre des forces, laissant un Faure Gnassingbé, au mandat illimité, à la tête d’un pays en proie à la contestation.

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Cette contestation, qui émane d’une jeunesse de plus en plus mobilisée, résonne avec force dans tout le pays. Des voix autrefois loyales au régime, comme celle de l’ancienne ministre des Armées, Marguerite Gnakade, ou encore celle de l’artiste musicien Aamron, se joignent à ces appels à un changement. Les Togolais, armés de leurs smartphones, n’hésitent plus à exprimer leur désaccord sur les réseaux sociaux, défiant ainsi un pouvoir qui semblait inébranlable.

Face à cette fronde sans précédent, une question se pose : Faure Gnassingbé, après 20 ans de règne, va-t-il enfin faire son bilan ? Les Togolais lui réclament plus que jamais des comptes sur sa gouvernance et ses promesses non tenues. La pression monte, et le président doit maintenant réfléchir à une porte de sortie qui ne lui coûte pas son pouvoir, mais qui, surtout, pourrait apaiser un peuple en quête de changement.

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Les Togolais aspirent à un avenir meilleur, construit sur des bases solides et une véritable démocratie. À l’heure où les citoyens expriment leur désir de participer à la construction de leur destin, le régime en place doit impérativement entendre cet appel. Aucun acteur sérieux de l’opposition n’envisage de s’engager dans un quelconque dialogue avec l’autocrate. La panne à l’allumage de la Vè République est le reflet d’un échec du magistère de Faure Gnassingbe. Sa capacité à vite comprendre la situation et quitter le pouvoir en douceur permettrait d’éviter que le pays sombre dans la violence.

Josephine Bawa


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