Législatives 2024: La CENI recuse l’accréditation à l’Eglise catholique

Une image de la Conférence des Evêques du Togo

Pour la deuxième fois en quatre ans, la Commission nationale électorale indépendante (CENI) rejette la demande d’observation électorale à la mission des volontaires de l’Eglise catholique du Togo.

Dans une lettre dont Le Temps a eu copie, la CENI évoque l’ignorance des sources de financement de l’Eglise catholique comme la raison du refus de l’accréditation des 500 observateurs catholique.

La CENI évoque une loi togolaise, élaborée sous le ministère Payadowa Boukpessi, qui fait obligation de justification des sources de financement de leurs activités aux organisations locales. En cas de financements d’origine étrangère, la CENI ne délivrerait aucune accrédiation. Les opposants du régime estiment néanmoins qu’il s’agit d’un stratagème de la part du pouvoir pour écarter les associations dérangeants.

Ce n’est pas la première fois que l’Eglise catholique du Togo essuie un tel revers de la part du gouvernement. Lors de la présidentielle de février 2020, le ministre de la Décentralisation, Payadowa Boukpessi, avait refusé pour ce même motif de financement étranger, le déploiement de plus 3.000 observateurs de la « Commission Justice et Paix » de l’Eglise catholique.

L’Eglse catholique, un contre-pouvoir au régime

Le président de la Conférence des évêques du Togo (CET) Mgr Benoît Alowonou a fait part de son «étonnement» car elle ne peut « justifier l’injustifiable». Selon l’Eglise, les observateurs sont des volontaires catholiques.

Au vrai, l’Eglise est aux premiers rangs des opposants au changement constitutionnel et a demandé au chef de l’Etat Faure Gnassingbe de surseoir à la promulgation de la constitution.

Avec « la consultation largement étroite » faite par le parlement, l’église  considère désormais l’adoption en deuxième lecture de la constitution par le parlement,  comme « une source de division, d’incompréhension, qui pourrait créer la crispation entre les citoyens ».

Mgr B. Alowonou demande au pouvoir en place d’écouter l’aspiration du peuple togolais à plus de justice et de liberté. La Conférence des évêques est perçue par le pouvoir comme un contre-pouvoir. Des membres éminents de l’église ont été victimes de l’exposition au logiciel d’espionnage numérique Pegasus.

Néanmoins, l’église catholique est la deuxième force organisée du pays et ses chefs sont très écoutés. Bien de Togolais attendent souvent beaucoup de la part de l’église qu’elle intervienne plus fortement sur le terrain politique.

En 2020, feu Mgr Philippe Kpodzro avait mis pied dans l’arène en soutenant ouvertement à la présidentielle le candidat Agbeyome Kodjo, avant de prendre le chemin de l’exil volontaire après l’échec de ce dernier.


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A propos Komi Dovlovi 1098 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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