Changement constitutionnel au Togo : les autorités mettent en garde les utilisateurs des réseaux sociaux

Calixte Madjoulba, ministre de la Sécurité et de la Protection civile

Dans un communiqué aux accents menaçants, le gouvernement [convie] les journalistes et les utilisateurs des réseaux sociaux « à plus de responsabilité dans les différentes actions de diffusion et de redistribution » d’informations concernant la controverse sur le changement constitutionnel entrepris par le parlement.

Peur panique dans la maison bleu turquoise (couleur du parti UNIR au pouvoir) ? « …il a été relevé que certains de nos concitoyens se servent des réseaux sociaux pour propager, soit délibérément, soit par ignorance, des informations dénuées de tout fondement et susceptibles de provoquer des troubles à l’ordre public », écrivent le ministre de la Justice et son collègue de la Sécurité et la Protection civile.

Le communiqué rappelle que « la diffusion de fausses informations, la calomnie, la diffamation et les dérives notées dans l’exercice du droit à la liberté d’expression et du droit à l’information menacent la quiétude des populations et constituent des atteintes à la paix sociale, à la cohésion nationale ainsi qu’à la sécurité et à la stabilité du pays.»

Pour rappel, ce communiqué comminatoire est sorti dans la soirée du 7 avril au moment où se tenait sur X (anciennement Twitter) un space #DébatDeCitéMko sur la crise togolaise. Un débat au cours duquel intervenaient plusieurs Togolais de la société civile et de la diaspora,  à l’instar de Dany Ayida, Brigitte Ameganvi, Pr David Dosseh.   

Le Togo traverse une crise politique depuis le 25 mars quand, nuitamment, l’Assemblée nationale a voté, à 89 voix contre 91, une nouvelle constitution, faisant passer le pays de la IVème République à une Vème République parlementaire.

L’adoption suscite la colère au sein de l’opinion, de la société civile et de l’opposition, qui s’expriment à travers les médias traditionnels et surtout sur les réseaux. Des organisations de la société civile, les partis politiques, appellent au retrait pur et simple du nouveau texte, ou sa soumission à un référendum.

Les détracteurs du texte accusent le chef de l’Etat actuel, qui se prépare normalement à un cinquième et dernier mandat à partir de 2025, de vouloir s’octroyer un pouvoir à vie avec cette nouvelle constitution.

Sur les réseaux sociaux les hashtags #SansNousConsulter , #RetirezLeTexte accompagnent des milliers de messages.

A la veille d’une manifestation d’une coalition de partis d’opposition, le pouvoir craint peut-être des manifestations de colère voire de révolte contre son opération de changement constitutionnel.

A propos Komi Dovlovi 1039 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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