ANC : Des membres d’une fédération désavouent la ligne du parti

Un message de quelques membres de la Fédération Europe-Asie de l’ANC défraie la chronique et peut faire plus du tort que de bien au parti. A noter que leur initiative n’est pas soutenue par la Fédération Europe-Asie qui comprend les sections d’Allemagne, de France, d’Angleterre, du Benelux.

Presque six mois après le Conseil national de l’ANC , sa Fédération Europe-Asie adresse un courrier cinglant au bureau national et à toutes les fédérations. Dans ce courrier, elle exprime sa désapprobation de la ligne du parti et en appelle à la tenue d’un congrès extraordinaire. Le message intervient après la tenue du Conseil national le 10 octobre dernier, soit huit mois après la présidentielle de février 2020.

C’est donc de guerre lasse, après quelques courriers adressés en vain au bureau national, que ces membres de la Fédération Europe-Asie de l’ANC en écrivent un énième, qui sonne à la fois comme un désaveu de la direction et une invite à des réformes profondes. Un pavé dans la mare qui intervient inopportunément à un moment où le parti tente de reprendre du poil de la bête.

Le courrier est signé par les membres de la Fédération Europe-Asie dont Lucien Hounkali et Gbati Zoumaoro. Il est adressée au Bureau national et, c’est ici le clou de cette affaire, à toutes les fédérations du parti, et aux sections.

Les signataires épinglent l’inertie de l’opposition, « qui s’entre-déchire dans un incompréhensible combat d’arrière-garde », alors que «  le régime, tel un bulldozer, écrase tout sur son passage dans volonté de s’éterniser au pouvoir « .

Puis, ils expriment leur désaccord avec les résolutions et recommandations du Conseil National du 10 octobre,  «en deçà voire même en contradiction d’avec [les] attentes [pour] provoquer le changement libérateur du joug de la dictature ».

Pour les signataires, le Conseil national était un rendez-vous manqué d’un examen critique du fonctionnement du parti qui a conduit à la bérézina électorale  du 22 février 2020.

Pour rappel, Jean-Pierre Fabre, le candidat de l’ANC est arrivé officiellement troisième avec le piètre score de 4% loin derrière Faure Gnassingbe et Agbeyome Kodjo, à la présidentielle, controversée tout de même.

Le Conseil national aurait ainsi occulté la question du désaveu de l’électorat de base de l’ANC, parti voter pour le MPDD, la question de l’offre politique et la stratégie de conquête du pouvoir, et surtout la rupture de la confiance entre l’ANC et les masses populaires.

Exigence de profondes réformes et d’un congrès extraordinaire

Les signataires exigent donc une remise à plat de la ligne actuelle du parti. Pour eux, la nouvelle donne doit passer par la rupture avec les stratégies participationnistes aux élections et de dialogisme adoptés au cours du dernier Conseil national.

 « Nous sommes surpris qu’après l’épisode 2017-2018, l’ANC puisse encore accorder la moindre crédibilité au régime RPT/Unir au point de vouloir engager des discussions avec ce dernier », déclarent-ils. Et d’ajouter « On ne discute pas avec une dictature, on la combat ».

Et un tel combat ne peut se mener sans un rassemblement de l’opposition, suggèrent-ils. Les signataires demandent que le parti soit à l’initiative d’un rassemblement de l’opposition, dans la mesure du possible, tout en tenant compte des erreurs du passé pour un meilleur fonctionnement.

 » Nous devons plutôt être à l’initiative d’un vaste mouvement composé de toutes les organisations patriotiques résolument engagées dans la lutte pour l’alternance », soulignent les signataires.

Enfin, ces membres de la Fédération Europe-Asie demandent au Bureau national l’abandon de sa stratégie de participation à tout prix aux élections. Le dernier Conseil national a en effet posé les bases d’une stratégie de tout-électoral pour combattre la dictature. .

« Aucun de nos compatriotes n’accepterait que l’ANC cautionne ce régime en participant à des élections sans condition . Le but ultime de notre combat est le « Changement » et non une simple participation aux élections », relèvent-ils.

En conclusion, les signataires expriment la nécessité d’une réforme du parti et lancent un appel à la tenue d’un congrès extraordinaire dans les meilleurs délais.

La situation est assez grave pour l’ANC depuis la cuisante défaite à la controversée présidentielle de février 2020. Mais la sortie de la Fédération Europe-Asie est encore plus gravissime pour l’image du parti. Du coup, l’ANC donne l’image d’un parti au fond du trou et n’est pas prêt de se relever.


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A propos Tony Feda 151 Articles
Journaliste indépendant. Ancien Fellow de l'Akademie Schloss Solitude (Stuttgart, Allemagne), Tony FEDA s’intéresse à la sociologie, la culture- ses domaines de prédilection sont la littérature et les arts de la scène du Togo. A travaillé pour plusieurs journaux dont Le Temps, Notre Librairie. www.culturessud.com. Depuis août 2018, s'inspirant de Robert Park et de Bourdieu, il entame sur son blog www.afrocites.wordpress.com des projets sur des thèmes concernant la ville.

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