Côte d’Ivoire : Pascal Affi N’Guessan est libéré sous contrôle judiciaire

Arrêté le 9 novembre dernier  pour participation à la constitution d’un « Conseil national de transition » et  placé en détention secrète pendant de longues semaines, l’opposant ivoirien  est  libéré aujourd’hui sous contrôle judiciaire.  

L’information a été donnée par son avocat Pierre Dagbo Gode. L’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo venait d’effectuer presque deux mois en détention. Il avait été arrêté à 100 kms de la capitale dans des circonstances obscures – on ne sait pas s’il se rendait à son village ou fuyait le pays vers la frontière du Ghana.

Au lendemain du controversée scrutin présidentiel  d’octobre dernier, plusieurs partis de l’opposition ivoirienne dont les plus grands (FPI, PDCI) ont créé un « Conseil national de transition » dont l’objectif principal est d’installer un nouveau gouvernement en lieu et place du président officiellement déclaré par la Commission électorale.

Dirigé par l’ancien président Henri Konan Bédié, le Conseil national de transition avait pour porte-parole M. Affi N’Guessan, 67 ans, président d’une faction du Front populaire ivoirien.

Le conseil a fait long feu, fortement malmené par les argousins d’Alassane Ouattara. La plupart des membres ont été arrêtés ou mis en résidence surveillée, rendant inopérant leurs plans.

Une rencontre entre le président officiel élu Alassane Ouattara et l’ancien président Konan Bédié avait aussi décrispé quelque peu les tensions politiques et sonné le glas de la mobilisation, sans compter la violente et féroce répression ayant fait plus de 80 morts parmi les civils. Les pressions politiques tous azimuts, surtout de la part de la France, parrain de Ouattara, ont fini par étouffer la contestation. Sous la pression bienveillante d’Emmanuel Macron,  le président Ouattara initie un dialogue incertain avec la classe politique.

Selon le parquet d’Abidjan, M. Affi N’Guessan reste sous contrôle judiciaire et ainsi que d’autres responsables de l’opposition, est poursuivi pour « complot contre l’autorité de l’Etat », « mouvement insurrectionnel », « assassinat » et « actes de terrorisme », pour cette proclamation d’un régime de transition et en raison des violences électorales liées à la présidentielle, qui ont fait 85 morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre. « Les charges n’ont pas été levées, la procédure se poursuit », a précisé  son avocat M.  Dagbo Gode.

L’opposition exige l’arrêt des poursuites judiciaires avant d’aller à la table du dialogue.

L’avenir de la Côte d’Ivoire reste pour le moins incertain. En dépit d’un retour au calme grâce à la pax allassana, l’opposition ivoirienne dans son ensemble reste hostile au pouvoir actuel. Avec l’ancien président Laurent Gbagbo et Blé Goudé en exil forcé en Belgique, malgré leur libération par la Cour pénale internationale de la Haye, la paix reste très précaire au pays d’Houphouët-Boigny.

A propos Komi Dovlovi 1021 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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