Kenya : Le clergé catholique blackliste les dons des hommes politiques

Mgr Philip Arnold Subira Anyolo, Archevêque de Kisumu (Ouest), président de la Conférence épiscopale du Kenya

Les responsables du clergé catholique kenyan ont lancé un pavé dans la mare politique de leur pays en réformant les règles sur les dons. Désormais, le clergé n’acceptera plus des dons en numéraire, et tous les dons de plus de cinq cents dollars doivent être accompagnés d’une lettre du donateur, selon la BBC.

L’argent n’a peut-être pas d’odeur, mais l’argent sale et volé, si. Surtout quand il vient des hommes politiques qui gagnent indûment leur pain. Cette sortie a été faite à l’occasion du lancement de l’opération « Briser les chaînes de la corruption». Pour faire plus efficace et efficient, l’Eglise catholique a annoncé la mise en place des bureaux anti-corruption dans les églises pour permettre aux fidèles de dénoncer des cas de corruption.

Certains individus canalisent de plus en plus leurs richesses mal acquises vers les organisations religieuses, les églises notamment, selon le journal kényan « The Standard », qui cite la commission nationale anticorruption du pays.

« La décision de l’Église catholique d’inciter ses fidèles à soutenir fermement la lutte contre la corruption en interdisant tous les dons sans traçabilité est bienvenue », a déclaré Twalib Mbarak, le chef de la commission nationale anticorruption.

« Nos églises ne seront pas utilisées comme des plateformes politiques ou pour d’autres motifs que le culte de Dieu », a déclaré l’évêque Philip Anyolo, cité par le site d’information « Sunday Nation ».

Selon un autre journal en ligne, « Nairobi News », l’Église anglicane du Kenya, par l’intermédiaire de son archevêque Jackson Ole Sapit, a interdit en juin les dons venant des politiciens.

Kenya, un pays très corrompu

Le Kenya est cité par les pays les plus corrompus en Afrique, et sa classe politique a mauvaise réputation. Il est classé 144ème sur 180 pays et une note de 27/100.

On n’ose espérer que le clergé catholique kenyan sera suivi par ses pairs en Afrique. Il existe des liens ténus entre les hommes politiques et les organisations religieuses en Afrique. Des hommes politiques ou des hauts fonctionnaires occupant des postes stratégiques et juteux sont réputés proches des organisations religieuses à qui ils font des dons en numéraire et en nature.

Il en est ainsi au Togo, où des organisations religieuses reçoivent des dons en numéraire des politiques haut placés voire des directeurs généraux des sociétés d’Etat. Les fidèles de l’Eglise protestante d’un village d’Agou se disputent un don de six millions offerts par le président de la République. Selon certains fidèles, le pasteur presbytérien qui joua le rôle d’intermédiaire qu’on  ne lui avait pas demandé, aurait fait main basse sur la moitié de l’argent. De même, des prêtres conspirateurs de l’évêché de Kpalimé (120 kms de Lomé) se seraient retrouvés à Lomé 2 pour des raisons inconnues.

L’alliance entre le goupillon et le sabre fait trop des ravages en Afrique. On attend donc impatiemment la sortie du clergé catholique togolais et de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo.


En savoir plus sur Le Temps

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

A propos Komi Dovlovi 1132 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

Laisser un commentaire