Soudan : Les chefs de la contestation rejettent l’appel au dialogue d’un conseil militaire qui « tue les gens »

Face aux massacres de la population orchestrés par le Conseil militaire soutenu par des forces paramilitaires, l’Union Africaine a annoncé jeudi 6 juin la suspension avec effet immédiat du Soudan de l’organisation panafricaine, jusqu’à la création d’une autorité civile de transition.

C’est désormais un conflit ouvert entre la junte militaire au pouvoir et l’Association des professionnels, l’avant-garde du combat démocratique qui conduit les manifestations populaires au Soudan. Décidée à restaurer son pouvoir perdu grâce à la pression de la rue, la junte militaire met en œuvre un plan chaotique qui passe par une répression sauvage des rassemblements populaires sur l’ensemble du territoire. Une stratégie que juge hypocrite les chefs de la contestation qui rejettent en bloc l’offre de dialogue des militaires.

Le peuple soudanais n’est ouvert ni aux négociations, ni à ce Conseil militaire qui tue des gens”, a indiqué Amjad Farid, porte-parole de l’Association des professionnels soudanais, l’une des formations clés de la contestation.

Khartoum a à en croire les dépêches alarmantes est une ville fantôme. La répression a fait plus de 108 morts, dont une quarantaine repêchée dans le Nil. Les militaires tirent pour tuer, et souvent dans le dos, d’après des témoignages des survivants. Selon des témoignages, les civils sont pourchanssés dans la rue avec des armes.

Face à l’instabilité et au chaos organisé par la junte, l’ONU a décidé de faire partir son personnel, tandis que le Royaume-Uni a rappelé les employés « non essentiels » de son ambassade à Khartoum et déconseillé aux Britanniques de se rendre dans ce pays.

De son côté Amnesty International demandé à l’Union africaine et à l’ONU de « prendre des mesures immédiates afin de demander des comptes aux responsables de cette violence« .

L’Union Africaine exige l’établissement d’un régime civil

Dans la foulée, l’organisation panafricaine a « suspendu avec effet immédiat la participation de la République du Soudan à toutes les activités de l’UA jusqu’à l’établissement effectif d’une autorité civile de transition, ceci étant le seul moyen de permettre au Soudan de sortir de la crise actuelle », a annoncé le Conseil de paix et de sécurité de l’UA (PSC) sur son compte Twitter. « Le Conseil imposera automatiquement des mesures punitives sur les individus et les entités qui ont empêché l’établissement d’une autorité civile », a déclaré le Sierra-Léonais Patrick Kapuwa, président en exercice du PSC.

Les Etats-Unis qui jouent un rôle peu clair ont condamné les violences et ont appelé les militaires au pouvoir à “renoncer à la violence” et réaffirmé leur souhait d’une transition menée par un gouvernement civil en vue de l’organisation d’élections à une “date appropriée”.

Le discours de l’administration Trump, soutien indéfectible de l’Arabie Saoudite qui apporte un appui diplomatique et financier à la junte militaire, reste très mesuré. Et pourtant, le bon sens voudrait que tout l’Occident soutienne fortement le combat démocratique au Soudan. Face à une junte militaire qui veut imposer la charia et un islam des plus rétrogrades, il y a une société civile dont l’objectif est d’installer une société laïque, démocratique et multiculturelle. L’Amérique se rendrait complice des crimes de génocide au Soudan si elle ne rappelait  à l’ordre Ryad d’arrêter son appui financier aux généraux génocidaires.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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