Élections locales au Togo: ‘Ne pariez pas un seul franc CFA’

Aminou Ben Yaya (activiste togolais de la démocratie)

Tribune d’Aminou Ben Yaya

Il y a quelques mois, un leader d’opinion disait qu’au Togo le pouvoir joue et l’opposition danse au rythme du pouvoir. Pour illustrer cette observation, il n’y a rien de mieux que de voir la question des élections locales que le régime aurait l’intention d’organiser. Notez que je parle au conditionnel.

Depuis que l’actuel-ancien premier ministre a présenté son programme de gouvernement, promettant d’organiser les élections locales, on assiste à une fébrilité dans les rangs de l’opposition togolaise, contrairement aux partisans du pouvoir qui font preuve d’un insolite attentisme.

En réalité, quoiqu’il l’a annoncé, le gouvernement n’organisera pas à court ou à moyen terme un scrutin qui risque de mettre à nue son impopularité. Après le taux abstention record observé aux législatives du 20 décembre 2018, le régime n’est pas prêt pour d’autres mauvaises nouvelles, car les élections locales, par une addition des suffrages exprimés en faveur des candidats de l’opposition, dévoileront l’ampleur de l’impopularité du régime à moins d’un an des présidentielles.

Le régime RPT/UNIR a tout simplement sorti cette histoire d’élections locales pour occuper l’opposition tandis qu’il prépare lui-même les présidentielles de 2020 et l’élection de son candidat. En d’autres termes, le régime fait danser l’opposition au rythme des élections locales, tout en contrôlant les différentes séquences du rythme, jusqu’à l’épuisement des danseurs.

Il n’y a rien qui fait plus peur au régime togolais que le désavœu de la base, un désavœu pourtant inéluctable. Même s’il est sûr de remporter les élections locales par le biais d’un découpage inéquitable, le régime n’organisera pas cette élection qui risque de révéler que sur le plan national, les suffrages globalement exprimés en faveur de ses candidats sont inférieurs à ceux exprimés en faveur de l’opposition.

Pour occuper les opposants et les empêcher de penser loin, le régime va soit faire trainer les choses jusqu’à la veille de la présidentielle pour ensuite les reporter pour l’après présidentielle pour des raisons “logistiques” ou “budgétaires”.
Ou soit le régime va créer un mode de scrutin si mauvais que l’opposition, après avoir trop cru et préparé ces locales, sera obligée de boycotter les locales, comme aux élections législatives passées; ce qui donnera toute la latitude au régime d’aller seul aux locales et camoufler ainsi son impopularité en attendant la présidentielle.

Opposants togolais, investissez moins d’un pourcent de vos énergies et ressources sur les élections locales; c’est une diversion. Pensez aux présidentielles, car c’est d’elles que le régime a peur. Depuis le toilletage de la constitution en 2002, le Togo a renforcé le régime présidentiel; tout se joue donc aux élections présidentielles. Le temps est venu pour l’opposition d’inventer son rythme et de danser à ce rythme. Pensez à la présidentielle de 2020.

Aminou Ben Yaya

A. Ben Yaya est un activiste de la démocratie au Togo


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