Réformes politiques: ce que prépare Faure Gnassingbé

Le Président de la République ne s'est pas prononcé sur sa candidature ou non en 2020

Depuis la mise en place de la nouvelle assemblée et la formation d’un nouveau gouvernement (par le même premier ministre Klassou) on attend impatiemment de voir comment le régime va entreprendre les réformes qu’il a promises à ses partenaires régionaux et à certaines puissances étrangères. Faure Gnassingbé est à la manœuvre.

Les élections 2020 constitue un enjeu majeur pour le successeur et héritier politique du général Eyadema. Après bientôt 15 ans (trois mandats) à la tête du pays, l’homme est attendu sur le double plan des changements politiques et de son propre avenir politique. Sur le plan des réformes, il a réussi à en écarter ses farouches adversaires de la Coalition des 14 partis de l’opposition (C14). Ces derniers n’ayant pas participé aux législative du 20 décembre ne sont plus représentés à l’Assemblée nationale. Et ironie du sort, ils ont perdu leur statut d’interlocuteurs exclusifs du pouvoir, après l’échec des négociations politiques facilitées par la CEDEAO.

Des réformes contrôlées

Faure Gnassingbé a pris des dispositions depuis 2016 pour le contrôle des réformes. Il avait mis en place une Commission (de haut niveau) dirigée par Mme Awa Nana, avec pour mandat de consulter des populations puis proposer des réformes sur le double plan institutionnel et constitutionnel. La crise politique du 19 Août 2017 a éclaté au moment même où cette commission était sur le point de bouclé sa mission. Mais elle avait rendu son rapport (avec en annexe un projet de constitution).

Le pouvoir n’entend pas se soumettre aux revendications de l’opposition en remettant simplement la constitution dans son modèle de 1992. Ce n’est pas tant le système constitutionnel qui serait en cause, mais les mesures qui pourraient empêcher le président à être candidat après ses trois mandats. Pour ses proches, il faut carrément “mettre le compteur à zéro”.

La survie du régime

Certaines sources proches de Faure nous assure que l’intéresse n’exclut aucune hypothèse par rapport à 2020. “Il peut être candidat comme il peut ne pas l’être”, nous confie un de ses conseillers devenu député. Cette incertitude ne sera pas levée pour bientôt, car le pouvoir tient avant tout à ne pas favoriser une alternance qu’il ne serait pas en mesure de maîtriser.

Faure Gnassingbé n’a aucun intérêt à dévoiler maintenant des intentions. Quoique maître du jeu, il n’a pas toutes les cartes en main. Certes il commande les civils et les militaires autour de lui; mais c’est le sort du régime hérité de Gnassingbé Eyadema qui est en jeu. Il suffit de voir les têtes qui sont dans le gouvernement remanié pour comprendre que la stratégie consistera dans les prochains mois à tout faire pour conserver le pouvoir.

L’autre enjeu concerne l’organisation même de la présidentielle 2020. L’opposition qui est affaiblie actuellement pourrait redorer son blason si elle parvient à engager un front contre le troisième mandat. La communauté internationale pourrait également changer d’attitude et peser plus pour une réelle ouverture au cours de cette consultation.

Joséphine Bawa


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A propos Joséphine Bawa 55 Articles
Responsable Desk politique et Afrique Joséphine Bawa capitalise 17 ans d'expérience en matière de communication et journalisme. Diplômée de Wit University (Johannesbrg, South Africa) elle a collaboré avec diverses agences de presse internationales dont AP, Reuters. Josephine dirige le desk politique de la Rédaction du journal Le Temps. Joséphine est également consultante auprès de plusieurs cabinets en Afrique et en Amérique du Nord.

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