Afrique du Sud : Des affiches  nazies pour un suprémacisme blanc dans une université

Des affiches inspirées de la propagande nazie  pour une suprématie de la race blanche ont provoqué un scandale à l’université de Stellenbosch, Afrique du Sud.

L’apartheid politique est peut-être terminé, mais pas dans les cœurs ni dans les esprits. Phénomène assez normal : le racisme nait dans le cocon familial, ou des parents attisent doucement les tisons de la haine de l’autre, du mépris de classe. Non content d’avoir le pouvoir économique, une partie de la minorité garde des réminiscences du passé récent de l’Afrique du Sud et son système de développement séparé basé sur la supériorité de la race blanche.

Des affiches inspirées d’images nazies ont provoqué un tollé dans une université sud-africaine, révèle notre confrère Le Monde. Ces affiches dont on parle sont apparues sur des panneaux de l’Université de Stellenbosch, près du Cap, mardi dernier. Elles montrent  un jeune homme et une femme blonds dans des poses directement inspirées de la propagande nazie. Les instigateurs appelaient à une réunion d’étudiants « anglo-afrikaner », c’est-à-dire issus de la minorité afrikaner et anglo-saxonne.

 « Ces affiches promouvant une polarisation et une supériorité raciale, avec des références à la propagande nazie, sont absolument inacceptables », a réagi l’université, rappelant « l’égalité naturelle des êtres humains ».

Chassez le naturel, il revient au galop

L’apparition de ces affiches quoique scandaleuses ne sont surprenantes. Au temps de l’apartheid, l’université de Stellenbosch constituait le foyer intellectuel de la minorité blanche afrikaner, celle qui a porté l’idéologie du racisme d’Etat.

Et en dépit de la disparition officielle de l’apartheid, les pratiques du passé persistent toujours dans cette université. Des étudiants ont mené des campagnes pour l’abolition de l’enseignement en afrikaans et son remplacement par l’anglais. L’afrikaans est la langue de l’oppresseur blanc, et les étudiants noirs plus à l’aise en anglais se sentent désavantagés par les étudiants Afrikaners dont c’est la langue maternelle.

L’Afrique du Sud a neuf langues officielles, mais l’enseignement est surtout dispensé en anglais et en afrikaans.  Contrairement à certaines universités blanches, il n’y a quasiment pas d’université africaine enseignant dans les langues africaines, telles que le Xhosa ou le zulu par exemple.

Le 21 mars 1960, à Shapperville, des douzaines d’élèves ont été massacrés par la police sud-africaine parce qu’ils refusaient l’afrikaans comme langue d’enseignement au lieu de l’anglais. L’afrikaans était la langue officielle du régime ségrégationniste de l’apartheid de 1948 à 1994.

Une société raciste dans toutes ses composantes en Afrique du Sud  ?

Les responsables politiques savaient que le racisme disparaîtrait difficilement d’une société qui a été profondément meurtrie par le racisme d’Etat institué. Cependant, la persistance des pratiques d’apartheid au sein d’institutions sensées incarner le multiculturalisme  de  la nouvelle Afrique du Sud reste déroutante.

Selon notre confrère Le Monde, en mars dernier, un foyer pour étudiants de l’Université de Pretoria s’était défendu d’accusations de racisme pour sa politique de n’héberger que des Blancs parlant afrikaans. Les étudiants qui logent au De Goede Hoop Koshuis (« La résidence de bonne espérance »), doivent être chrétiens et parler obligatoirement afrikaans.

En filigrane, l’apartheid a laissé une société décomposée, malade, raciste au fond, qu’il s’agisse des Blancs ou des Noirs. Il laisse une société xénophobe et raciste. La xénophobie des Sud-Africains, expression des violences récurrentes et  lynchages des Subsahariens n’est-elle pas le reflet inconscient de plusieurs décennies d’humiliation ?

 

 


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A propos Komi Dovlovi 1134 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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