Il ne se passe plus de mois sans que l’on ne parle de déchirement conflictuel entre populations paysannes et peulhs nomades au Togo. Les passages des peulhs bouviers (nomades) avec leurs troupeaux dans les champs en sont les principales causes. La transhumance est aujourd’hui à un point critique dans le pays. Plus que des problèmes mineurs locaux entre habitants, ce sont de véritables conflits transfrontaliers latents qu’il faille contrôler et maîtriser afin de ramener le bien-être au sein des populations transhumantes et autochtones.
Longtemps étouffés par la dictature, ces conflits sont aujourd’hui sur la place publique. Ouvertement les uns accusent les autres au point d’en venir aux mains, aux couteaux, aux coupes-coupes, à la violence et pour conséquences des morts, des blessés et des déplacés.
Des missions ministérielles avaient tenté directement de désamorcer ces crises depuis l’année dernière mais les mésententes étaient trop béantes pour que de simples propos de politiques, de ministres ou d’appels d’agents de sécurité les résolvent.
On reprocherait aux politiciens ou autorités d’être les vrais propriétaires de ces troupeaux ou de couvrir absolument les transhumants en cas de conflits avec les populations paysannes. Certes par rapport aux acquis au lendemain de ces missions gouvernementales on peut retenir quelques tentatives de remédier mais pas à long terme. Ces remèdes concernent la promotion de la normalisation du trafic dans le but de favoriser une cohabitation et une coopération pacifique entre les populations, notamment les producteurs agricoles et les transhumants. Les populations locales avaient relevé les dégâts causés par le passage des transhumants dans leurs localités. Elles ont cité entre autres, la dégradation du couvert végétal, la pollution des eaux de sources, les feux de brousses criminels engendrant des dégâts énormes, la destruction des cultures, le braquage des populations et le non-paiement des taxes aux autorités locales. Les communautés ont également énuméré les cas de viol de femmes, de dévastation des champs, de complicité entre certaines populations et les peulhs nomades ainsi que des insuffisances et des manquements dans la gestion du trafic. Elles ont au moins convenu avec les membres du gouvernement de redéfinir les zones de pâturages et d’accueil, de réviser la carte de transhumance à l’échelle nationale et de sensibiliser les transhumants sur les limites de leur liberté. Il avait été décidé de la création des cadres normatifs, institutionnels et structurels pour gérer en toute impartialité les problèmes liés à la transhumance et autres.
Pour des questions de transparence, les différents comités préfectoraux de gestion de la transhumance présidés le plus souvent par les préfets des localités, sont contraints par les circonstances d’échanger désormais avec les populations parce que malgré les tentatives de remèdes, les conflits demeurent et les autorités béninoises et celles du Togo (pays limitrophes à l’Est et à l’Ouest) ne cessent encore d’intervenir au niveau ministériel pour appeler les populations frontalières au calme. La localité de Bassila, dans la préfecture de Tchamba est régulièrement citée. Aujourd’hui celles de Bafilo (Assoli), Haho et de Danyi sont quotidiennement comptées. Les partenariats et les relations de bon voisinage et de cohabitation pacifique dont on parle riment plus avec du décor et du folklore.
Il urge pour la franche gestion du phénomène de transhumance et pour la pérennité de cette cohabitation dans les régions frontalières des dispositions à prendre, en vue de freiner le trafic d’enfants et le braquage à mains armées, dans le souci de renforcer les relations de bon voisinage prônées par les chefs d’Etats des pays respectifs. Les comités de surveillance mis en place n’ont aucune autorité au sein de la population, pour questions de convenance.
Ces derniers temps les préfets sont actifs surtout ceux de Tchamba, Kpendjal, Assoli, Haho, Danyi, Lacs et autres en vue de sauvegarder ce qui reste de la sécurité à organiser dans le cadre des accords de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), puis pour sauvegarder les intérêts des populations autochtones.
On le sait, la transhumance n’a pas que des effets négatifs, au contraire l’on dénote des impacts socio-économiques dans les échanges commerciaux, la production de protéines animales, des sources de devises aux collectivités locales mais il faille contrôler et canaliser afin que tous les acteurs profitent et renforcer durablement l’autorité et les capacités d‘intervention des comités de suivi et de surveillance. Il faudra travailler à appeler à plus de responsabilité chez les communautés peulhes de faire identifier les nouveaux bouviers arrivants et de ne pas laisser les enfants de bas âge conduire les troupeaux aux pâturages car ceux-ci devient parfois les itinéraires vers les verdures des champs cultivés.
KPAKPABIA
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