Le Togo est à un nouveau tournant de son histoire politique. Depuis le début des années 1990, les promesses de réformes politiques se sont multipliées, mais les résultats restent décevants. Le passage d’un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire est présenté par les partisans du régime comme la clé pour relancer un processus démocratique profondément inachevé, mais la réalité est tout autre.
Petite autopsie d’un changement de régime dans le statu quo
Depuis l’accession au pouvoir du général Gnassingbé Eyadema en 1967, le Togo n’a pas connu d’alternance véritable. L’autocrate a fait 38 ans au pouvoir avant de décéder en février 2005. Quatre mandats de Faure Gnassingbé, son fils, n’ont fait qu’accentuer un système politique où le pouvoir semble s’accrocher avec une ferveur déconcertante. Ce manque d’alternance est non seulement un frein à la démocratie, mais il engendre également une stagnation du développement socio-économique. La concentration du pouvoir entre les mains d’une seule famille pendant plus de cinq décennies a créé un environnement propice à la corruption et à la mauvaise gouvernance.
La fermeture de l’espace civique et politique est alarmante. Les voix dissidentes sont muselées, les médias sont contrôlés, et les manifestations pacifiques sont souvent réprimées. Cette répression engendre un climat de terreur qui dissuade les citoyens de s’engager activement dans la vie politique de leur pays. Dans un contexte où les droits fondamentaux sont bafoués, il est difficile d’espérer un véritable changement. Comment les Togolais pourraient-ils croire en un avenir meilleur si leurs droits d’expression et de rassemblement sont constamment menacés ?
De plus, la faiblesse de l’opposition ne fait qu’aggraver la situation. Les partis d’opposition sont souvent fragmentés, désunis, et manquent de ressources pour s’opposer efficacement à un régime bien ancré. L’absence d’une alternative politique forte et cohérente nuit à la possibilité d’un véritable débat démocratique. Sans une opposition robuste, le pouvoir en place peut continuer à gouverner sans véritable contrôle, rendant ainsi illusoire l’espoir d’une démocratie véritable.
Un régime parlementaire sans démocratie représentative
Un système parlementaire véritable vise à permettre une répartition plus équilibrée des pouvoirs, favorisant une meilleure représentation des différentes voix du pays. Il devrait offrir aux citoyens une chance d’exiger des comptes à leurs élus, et permettre à l’opposition de jouer un rôle plus actif et significatif dans la gouvernance du pays. Mais dans le cas du Togo, ce système a été adopté dans le seul but de perpétuer la conservation du pouvoir par le clan Gnassingbé. La réforme a été entreprise après que le régime UNIR ait démantelé le système partisan du pays. Les grands partis politiques qui ont lutté pour le changement politique ne sont plus que l’ombre d’eux-même. L’Assemblée Nationale actuelle compte 108 députés du parti au pouvoir, pour seulement 5 opposants. De l’autre côté, le sénat en gestation sera en majorité composé par des obligés du régime. On ne peut donc pas s’attendre à un équilibre des forces politiques. La cinquième République imposée par le système de dictature n’apportera rien de positif sur le plan de la qualité de la gouvernance politique.
Pour que le passage à un régime parlementaire au Togo devienne le catalyseur nécessaire pour revitaliser un processus démocratique en souffrance, il faudrait régénérer le système partisan. Cela exige cependant la volonté politique des acteurs en place, ainsi qu’un engagement sincère envers le respect des droits humains et des libertés fondamentales. Les Togolais méritent une véritable alternative, un espace où leurs voix puissent être entendues et respectées. Ceci nécessite des réformes politiques transparentes; plus de simples promesses, mais des réformes institutionnelles et normatives qui se traduisent par des actions concrètes et significatives. Le futur du Togo en dépend. Le régime UNIR de Faure Gnassingbé n’est pas dans cette disposition. Il veut continuer à tout contrôler quitte à annihiler totalement toute opposition dans le pays.
K. AGBOGLATI
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