659 cas confirmés en décembre, 1441 cas en janvier, plus de 50 patients en réanimation, alors que le pays enregistre 79 décès, huit mois après son apparition dans le pays, la région de la Savane est gravement atteinte par le virus.
Les chiffres suscitent l’alarme auprès des autorités sanitaires, qui craignent l’asphyxie d’un système de santé déjà fragile, et ce d’autant plus qu’une forte partie des nouveaux cas se concentrent depuis décembre 2020 dans la partie septentrionale du pays, à savoir spécialement la région des Savanes et les préfectures de la Kozah et de la Binah, un peu plus au sud. Les structures sanitaires sont très faibles voire inexistantes dans ces contrées où l’on dénombrait un chirurgien pour 700.000 habitants en 2013. La situation n’a guère évolué depuis.
De mars à novembre 2020, soit sur 9 mois, le Togo a enregistré 2974 cas de covid-19, soit une moyenne de 372 cas par mois, et 64 décès. Si le nombre de décès, 2,15 % des cas confirmés, paraissait quelque peu élevé en comparaison des pays voisins ou du taux mondial – quasiment égal à 1% -, la situation n’était pas très préoccupante avant fin décembre. Et les mesures prises par les autorités suggéraient une maîtrise de la chaine de contamination.
Mais, retournement de situation en décembre : doublement de la moyenne avec 659 cas confirmés (22,21%) et 4 décès en décembre. La situation s’aggrave en janvier 2021 avec 1441 nouveaux cas confirmés (39,66% d’augmentation par rapport à décembre) et plus de 50 personnes en réanimation. Selon le professeur Ihou Wateba, coordonnateur des médecins traitants, la situation pourrait s’envenimer en cas de non-respect des mesures-barrières. Le nombre de décès pourrait s’accroître avec les cas des patients en réa.
Les causes de la flambée des cas
Les régions de la Savane et Kara ainsi que la préfecture d’Agoè (Grand-Lomé) concentrent le plus grand nombre des nouvelles contaminations. Les raisons sociologiques pourraient expliquer la situation. Ces régions sont traditionnellement le théâtre de traditionnelles cérémonies funéraires qui se déroulent entre le 15 décembre et le mois de février. Correspondant à la saison sèche, les cérémonies mobilisent à la fois les communautés autochtones et leurs ressortissants diasporiques sur le plan national voire à l’étranger. Les repas ainsi que les boissons sont généralement pris en commun au cours de ces cérémonies, qui connaissent de très grandes foules. Les communes rurales de la Savane enregistrent des nombres de cas impressionnants.
Il est fort possible que le relâchement de l’observation des mesures-barrières pendant les cérémonies sous-tende la flambée des contaminations.
Le bouclage, les mesures de couvre-feu, et le cordon sanitaire imposés par les autorités peuvent fléchir la courbe des contaminations et empêcher qu’elle se répande dans les autres régions du pays.
Cependant, la Région de la Kara, frontalière de la Savane au Sud, surtout ses préfectures de la Kozah et la Binah, dont les communautés organisent également les mêmes cérémonies en cette période, paraissent exemptées. Elles connaissent pourtant également une augmentation des nombres de cas.
Last but not the least, la Savane est la région la plus pauvre du Togo, où plus de 90% de la population croupit sous le seuil de la pauvreté. Plus de 96% de la population de la préfecture du Kpendjal vit sous le seuil de pauvreté. Le bouclage de la zone, les fermetures des frontières voisines du Ghana, du Bénin, et du Burkina, pendant cette saison, obèrent le quotidien de ces populations rurales qui doivent acheminer les produits agricoles
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