Coronavirus : Le gouvernement reconnaît à mots couverts la létalité de la force mixte anti-pandémie

Le gouvernement vient de nommer le colonel Kodjo Amana comme nouveau commandant de la force mixte anti-pandémie ; la veille un communiqué reconnaissait que « des actes commis au mépris des règles » ont émaillé « le respect de la loi et des normes régissant le maintien d’ordre ».

Il a fallu quatre ou cinq morts, dont le caractère « crapuleux » selon le ministre Yark Damehane, en fait  sauvage  pour être juste, du dernier décès à Adakpame (Lomé), pour que le gouvernement se décide enfin à réagir aux bavures pourtant décriées de la force mixte anti-covid 19.

Dans un communiqué rendu public dans la soirée du 27 avril, le gouvernement constate finalement, après des dénis du ministre de la Sécurité Yark Damehane, que « des incidents malheureux et graves » ont caractérisé le maintien de l’ordre par la force publique chargée du couvre-feu de 20 h à 6 heures.

« Fermement attaché au respect scrupuleux des droits de l’homme malgré la période d’exception, le Gouvernement déplore de tels actes commis au mépris des règles et consignes insistant sur le respect de la loi et des normes régissant le maintien d’ordre », indique le communiqué.

Le ministre de la Justice a été instruit  « à l’effet de faire diligenter les enquêtes et procédures requises afin d’élucider de manière complète et indépendante les circonstances de tous les faits invoqués et faire établir les responsabilités conformément aux lois en vigueur », souligne également le communiqué.

Le colonel Kodjo Amana à la tête de la force mixte anti-pandémie

Le gouvernement fait alors le ménage et nomme à la tête de la force mixte anti-pandémie le colonel Kodjo Amana, en remplacement du lieutenant-colonel Yaovi Okpaoul. Le colonel Amana avait déjà dirigé la Fosep chargée du maintien d’ordre pendant la présidentielle 2020.

La nomination d’un nouveau commandant un mois à peine l’installation de la force anti-covid 19 témoigne d’un désaveu du lieutenant-colonel Yaovi Okpaoul dont la gestion est mise en cause. Ses méthodes aussi peuvent paraître quelque peu musclées.

Depuis que Yaovi Okpaoul est à la tête de la Direction de la police nationale, il y a de nombreux cas troublants de violations des droits voire d’exécutions sommaires, notamment de présumés voleurs. La CNDH a promis ouvrir depuis des mois une enquête sur la mort par balles dans des circonstances suspectes de deux jeunes d’Aflao à Lomé.

Selon le Directeur de la police nationale, les deux jeunes étaient morts lors d’échanges de coups de feu tandis que leurs familles prétendaient qu’ils avaient été arrêtés nuitamment et menottés à leurs domiciles.

La force mixte anti-pandémie a été instituée le 1er avril ainsi qu’un couvre-feu. Constituée officiellement de 5000 hommes, moitié gendarmes et moitié police, d’appliquer un couvre-feu pour endiguer la propagation du coronavirus. La force est spécialement chargée de la faire respecter dans le Grand Lomé et dans la préfecture de Tchaoudjo, les deux zones les plus affectées par le coronavirus.

Cependant les forces de sécurité sont accusées par des militants des droits de l’homme et une forte partie des populations d’utiliser des méthodes musclées pour le faire respecter le couvre-feu. De nombreuses personnes ont été violentées dont une vieille femme de plus de 60 ans. On enregistre en tout 4 ou 5 morts depuis le début du couvre-feu.

Les populations de Bè-Adakpame ont manifesté leur colère après la mort du jeune homme le 23 avril dernier.

A propos Komi Dovlovi 1013 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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