Présidentielle 2020 : La CENI annule un système rapide de comptage des voix

Tchambakou Ayassor, le président de la CENI

Par l’annulation d’un dispositif rapide de comptage des voix, la CENI choisit le mode de transmission physique, plus lent et très peu fiable, soupçonne un délégué proche de l’opposition.

 Dans une directive à l’attention des présidents des CELI, le président de la CENI annonce la suspension du système électronique  de collecte des résultats de vote. Ce système appelé SINCERE  (Système de sécurisation électronique des résultats des élections)  devrait permettre de disposer rapidement du taux de participation et des résultats, une à trois heures après la fermeture de tous les centres de vote .

 Coup de théâtre dans les CELI. Ce 19 février, dans la directive N°006/2020/SC-OEFI/P/CENI, adressée aux présidents des CELI, le président Tchambakou Ayassor annonce l’annulation du système SINCERE.

« Je porte à la connaissance des présidents des CELI que la sécurisation électronique des résultats de vote par les chefs d’équipe, les OPS SMS, et les OPS téléphone, est annulée », écrit M. Tchambakou Ayassor.

Il s’agit d’un système de sécurisation électronique des résultats de vote qui permet de disposer en « un  temps record » du taux de participation global ainsi que des résultats par centre de vote, selon un technicien que nous avons contacté.

« C’est un dispositif électronique qui devrait permettre de savoir en un délai rapide le taux de participation et les résultats en temps record. Et il peut aider à avoir une idée globale des résultats  au minimum une heure après la fermeture des bureaux de vote », nous indique ce technicien.

SINCERE fonctionne par téléphone et les techniciens et opérateurs de saisie devaient envoyer des SMS aux CELI et à la CENI. Le dispositif était censé servir dans tous les bureaux de vote.

Dans sa note, le président a par voie de conséquence annulé  les formations des présidents et des rapporteurs des bureaux de vote pour dans le cadre de l’utilisation du dispositif SINCERE. Les formations étaient prévues pour avoir lieu ce 20 février.

Frilosité dans le camp du pouvoir

La conséquence directe de l’annulation du SINCERE est que la collecte des résultats prendra plus de temps que prévu. La transmission du vote des centres de vote vers les CELI et des CELI vers la CENI connaîtra une certaine lenteur et beaucoup de retard.

Mais l’annulation intervient quelques heures après le retrait de l’accréditation pour l’observation électorale à la CNSC et le renvoi de leurs partenaires du NDI dont le matériel informatique a été saisi à l’aéroport. Le NDI qui allait déployer 500 observateurs, a mis en place un dispositif de collecte des résultats. La CENI a-t-elle été eu peur d’être victime d’un hacking ? Mystère.

Les deux incidents font peser des soupçons de fraude sur le déroulement du scrutin.

Comme par le passé, de grandes incertitudes planent sur la transparence des résultats du scrutin. Et ce n’est pas la première fois que le pouvoir à travers la CENI fait échouer l’utilisation d’un dispositif de transmission rapide des données. En 2010, le VSAT mis en place à l’aide du PNUD et de l’Union Européenne est tombé en panne au moment opportun de son utilisation. La proclamation des résultats en faveur de Faure Gnassingbé a donné lieu à des controverses. L’opposition qui dit avoir d’autres chiffres a contesté pendant plusieurs mois les résultats dans la rue.

La dernière semaine de la campagne électorale ouverte depuis le 6 février dernier a été émaillée de plusieurs incidents qui sont de nature à jeter le doute sur la sérénité du vote. A Blitta, par exemple, selon un communiqué de l’ANC, des délégués des partis MPDD du candidat Agbeyome Kodjo ont été éjectés de la formation des membres du bureau de vote et remplacés par ceux d’UNIR. Des menaces et intimidations ont été proférées par des chefs de village à l’endroit des populations de certains cantons de Blitta.

Les candidats de l’opposition, Agbeyome Kodjo et Jean-Pierre Fabre ont été empêchés de battre campagne dans plusieurs localités du pays.

A propos Komi Dovlovi 1019 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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