L’ex-président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali est mort

L’ex-dirigeant tunisien chassé par le  printemps arabe en 2011 est mort en exil en Arabie Saoudite ce jeudi 19 septembre.

Zine El-Abidine Ben Ali est décédé en Riyad où il s’est réfugié après avoir quitté honteusement le pouvoir, sous la pression populaire, après plus de 23 ans de règne. Son décès intervenant quelques jours après l’annonce du second tour de la présidentielle devant solder une longue période de transition post- Ben Ali, marque symboliquement la fin d’une époque.

Avant son arrivée au pouvoir en 1987, provoquant la chute du vieillard et fondateur de la Tunisie moderne Habib Bourguiba, Ben Ali a été longtemps chargé de la sécurité intérieure du pays. A ce poste,  ce militaire  de formation a été distingué notamment pour avoir maté avec méthode les révoltes sociales de 1978 appelées « révoltes du pain ». Après deux traversées du désert en 1978 et 1980, il profita de sa nomination au poste de Secrétaire d’Etat à la sécurité intérieure, puis de ministère de l’intérieur pour tisser sa mainmise sur les lieux de pouvoir, et se faire une réputation d’homme de la paix par sa répression des islamistes. C’est donc sans surprise qu’il fit tomber un Bourguiba, affaibli par l’âge et usé par plusieurs années de présidence.

Devenu président, Ben Ali a assis son pouvoir sur la répression des islamistes, des militants de gauche et de toute opposition. En dépit des violations des droits de l’homme, le pouvoir Ben Ali était vu avec bienveillant par les Occidentaux. En pleins soubresauts démocratiques en 2011, la ministre de l’intérieur français, Michèle Alliot-Marie avait tenté de prêter main forte à Ben Ali avant d’essuyer les quolibets de l’opinion publique française.

En dépit de bons indicateurs sociaux- la Tunisie reste de loin une exception au Maghreb et dans le monde arabe,  le pouvoir de Ben Ali a généré des mécontentements sociaux et beaucoup de frustrations dues au chômage de masse chez les jeunes et sa politique basée sur le déni démocratique. La colère sociale  aboutit donc en 2011 de nombreuses manifestations perlées qui finirent par avoir raison du pouvoir vingtenaire.

Printemps arabe

Exilé piteusement en Arabie saoudite avec son clan, le départ de Ben Ali déclencha allait entraîner de nombreuses effervescences démocratiques dans le monde arabe. Elles eurent raison du raïs Hosni Moubarak, entrainèrent de profonds changements politiques au Maroc, la guerre civile en Syrie, et des manifestations sauvagement réprimés au Bahreïn.

L’expérience démocratique se cantonna en Tunisie. Avec beaucoup de difficultés, malgré la menace permanente de l’islamisme armé et de nombreux assassinats,  les Tunisiens parvinrent tout de même à construire progressivement un modèle démocratique enviable. Un homosexuel se présenta même au premier tour de la présidentielle, signe encourageant du respect de la diversité sociale.

Avec le décès de Ben Ali, les Tunisiens ont tourné définitivement la page. Le second tour de la présidentielle qui aura lieu dans quelques jours montre à suffisance que les Tunisiens engagent le tournant d’un avenir qui s’annonce avec d’autres problèmes que politiques.  


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A propos Komi Dovlovi 1098 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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