La gravité des faits dans lesquels sont impliqués les professeurs Dodzi Kokoroko et Adama Kpodar, jette un discrédit sur leur moralité et l’enseignement supérieur au Togo, et devrait logiquement conduire à leurs démissions.
Les sanctions du Cames contre le réseau de professeurs titulaires en délicatesse avec le code d’éthique et de déontologie sont enfin rendues publiques 28 juin dernier. Sévèrement sanctionnés, la coupe est pleine pour les Professeurs Dodzi Kokoroko et Adama Kpodar, respectivement président de l’Université de Lomé et vice-président de l’Université de Kara. Mêmes mesures pour ces deux larrons en foire, pris le doigt dans le pot de confiture : des interdictions de siéger pendant trois ans dans les instances du Cames, de participer à tous ses programmes, de certifier et d’authentifier pour le compte de leurs universités des actes destinés au Cames.
En clair, sur le plan administratif, on vient de couper bras et jambes à ces deux professeurs titulaires qui, au-delà du Cames, ne valent plus un kopeck. On voit mal comment les deux professeurs pourraient rester à leurs postes respectifs tout en privant les institutions des retombées des relations institutionnelles entre les universités publiques du Togo avec le Cames. Si le pouvoir politique le soutient, les syndicats enseignants accepteraient moins la direction d’unprésident ayant perdu toute légimité intellectuelle.
Selon certaines sources, Faure Gnassingbé ne saurait tarder à se couper de ses suppôts intellectuels Adama Kpodar et Dodzi Kokoroko. Le chef de l’Etat était dans l’attente des conclusions de la 36ème session du Conseil des ministres du Cames pour prendre la décision appropriée. On espère que la décision ne saurait tarder.
Un réseau de malfaiteurs en col blanc
Que reproche-on exactement à Dodzi Kokoroko et Adama Kpodar ? Leur « implication dans un réseau usant de pratiques non conformes aux règles d’éthique et de déontologie du Cames», indique le communiqué de la 36 ème session du Conseil des ministres portant « sanction pour non-respect pour le code d’éthique et de déontologie » du Cames.
Grosso modo, ils ont établi des faux en écriture. Dans le cas de Kokoroko, le président de l’Université de Lomé a procédé par « la signature irrégulière sur des documents inexacts et non conformes de soutenance de thèse » ainsi que de procès-verbaux de thèse ». Il a apporté de l’aide à son amie, la Béninoise Dandi Gnammou, pour qu’elle devienne Professeur titulaire en brulant les étapes en falsifiant des documents. De même, par ses influences, il a tronqué des rapports d’évaluation de certains candidats aux grades universitaires.
Par conséquent, il s’agit en gros de la criminalité en col blanc ; un fait passible d’une peine de reclusion dans un Etat de droit.
Une vieille habitude
En réalité, les divers crimes perpétrés par le réseau de Kokoroko &co s’inscrit dans une longue tradition au Cames. Dans un livre détonnant, Le Cames : la nébuleuse qui entrave l’essor du Bénin et de l’Afrique, écrit par deux universitaires béninois jettent une lumière crue sur les pratiques malsaines qui caractérisent l’institution et nuisent gravement à l’enseignement supérieur. Le viol du code d’éthique et de déontologie n’est pas une exception mais la règle. S’y ajoutent d’autres pratiques comme la promotion d’universitaires médiocres sur des critères politiques, d’appartenance maçonnique, peu académiques. Exemple: un enseignant affirme avoir été victime pour avoir eu des relations avec la même femme qu’un professeur titulaire.
Briser la loi du silence
Si le réseau de Kokoroko a été découvert, c’est pour avoir trop longtemps plongé le doigt dans le pot de confiture, et surtout du fait de la rupture de l’omerta par les victimes. Fort du soutien politique, convaincu de son immunité, le réseau fraudait allègrement en toute impunité, au vu et au su de tous. L’indifférence généralisée et la conspiration du silence ont fait le lit de l’oppression de ces malfaiteurs en col blanc.
Bien de Togolais ont été victimes du réseau; le cas le plus emblématique reste celui de Sasso Pagnou, enseignant de finances publiques à l’Université de Kara. Candidat au grade de maitre-assistant, il a été recalé deux fois ; le réseau a produit de faux rapport d’évaluation de ces articles. M. Pagnou a décidé de porter l’affaire jusqu’au Cames et a accusé nommément le réseau d’être responsable de ses échecs. Sasso Pagnou n’a été sauvé que grâce à la mise sur pied d’un jury spécial pour valider ses travaux. Il est d’ailleurs le seul universitaire togolais à briser la loi du silence et combattre les méthodes du réseau. D’autres universitaires empêchés d’accéder au grade de professeur titulaire, n’ont pas eu ce courage.
Des habitudes d’écarts avec les règles
Nommé à la tête de l’UL depuis 2016, le professeur Dodzi Kokoroko s’est distingué par des réformes des textes universitaires. Des réformes législatives appréciées par bien d’universitaires. Cependant, la portée de sa présidence ne se limiterait qu’à ces aspects législatifs, selon un cadre de l’université de Lomé. Sa gestion de l’université demeure pour le moins controversée.
«Depuis son arrivée, la commission d’attribution des marchés ne siège plus, sauf dans le cas d’achats relatifs aux feuilles d’examens des étudiants », témoigne une autre digne de foi. Les plus gros marchés concernant les infrastructures ont été passés de gré à gré, contrairement aux pratiques.
L’arrivée à la présidence de l’UL du professeur Dodzi Kokoroko était bâtie sur sa jeunesse et des idées de renouveau. Trois ans plus tard, force est de reconnaître que malgré sa jeunesse, ses pratiques relèvent du vieux monde décrié.
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