Me Boko, ancien Ministre de l’intérieur du Togo ne s’avoue pas vaincu, après avoir été empêché d’embarquer hier sur un vol d’Air France à Paris à destination de Lomé. Après avoir les cexpliqué les conditions dans lesquelles son retour au pays a avorté, l’avocat togolo-français veut contre-attaquer au niveau de la Cour de justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Dans une annonce faite au journal français l’Express que nous avons repris, François Boko indique clairement la prochaine étape de son combat pour rentrer au Togo: attaquer l’Etat togolais en justice. Une démarche républicaine pour prouver à tous ses bonnes intentions quant à sa détermination à retourner dans son pays d’origine.
Que vais-je faire désormais? Sans doute saisir la Cour de justice de la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest; a-t-il martelé.
journal français l’Express
Des précédents pas chantants pour l’Etat togolais
Le Togo est bien connu auprès de l’instance judiciaire de la CEDEAO. Le pays a été plus d’une fois condamné par cette cour, dans diverses affaires. Ce fut ainsi dans l’affaire dites des députés (de l’ANC), celle de Kpatcha Gnassingbé et co-accusés, l’affaire Pascal Bodjona et tout récemment celle du citoyen Koffi Ametepe. Dans la quasi totalité de ces affaires, l’Etat togolais a perdu. Mais a-t-il toujours exécuté les décisions de justice?
On se rappelle aussi d’autres affaires politiques dans d’autres pays de la sous-région que la cour de justice a eu à connaitre. Elle a récemment débouté l’ancien Ministre Karim Wade dans sa plainte contre l’Etat sénégalais. Elle a par contre condamné l’Etat libérien à payer 18 millions de dollars à la veuve de Samuel Doe…
Les arguments plausibles de Boko
En refusant à François Boko de rentrer dans son pays l’Etat togolais a-t-elle violé sa « liberté d’aller et venir »? Telle pourrait être une des questions soumises à la cour. Mais l’affaire pourrait prendre une tournure plus politique. Par exemple l’ancien ministre qui est avocat aurait la possibilité d’arguer que les autorités togolaises ont voulu délibérément l’empêcher de candidater à la présidentielle de 2020. Il pourrait également porter devant les mêmes juges l’épisode du refus des autorités de lui délivrer un certificat de nationalité, devant lui permettre de se faire établir un passeport. Enfin il pourrait mettre dans la balance, l’accord de principe donné par le Chef de l’Etat togolais pour garantir son retour et sa sécurité, lequel n’a pas été suivi d’effet.
En saisissant la justice ecowasienne, Boko remettrait en même temps la balle de la crise togolaise dans le camp de l’organisation sous-régionale, après l’échec de la médiation qui a conduit aux élections législatives boycottées par l’opposition. Ainsi la CEDEAO pourrait se prononcer avec plus d’efficacité sur l’état d’application de sa feuille de route et aussi s’impliquer dans la conduite des réformes exigées avant la tenue de la prochaine élection présidentielle.
C’est un nouveau feuilleton politico-judiciaire qu’on va vivre prochainement, alors que dans le pays, tout semble au point mort en termes d’avancée démocratique.
Joséphine Bawa
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