A l’approche de la présidentielle de 2018 au Zimbabwe, l’opposition tente une union en vue d’une candidature unique pour faire barrage à Robert Mugabe.
L’ennemi de mon ennemi est mon ami. Le déclin continu du Zimbabwe pousse-t-il au rassemblement contre celui qui en est devenu la cause depuis les années 2000 ? Des ex-alliés de la Zanu-PF au pouvoir et l’opposition radicale travaillent à mettre sur pied une alliance pour battre Robert Mugabe à la présidentielle de 2018. Le front anti-Mugabe est dans les starting-block depuis le 20 avril dernier.
Morgan Tsvangirai, ancien Premier ministre et figure imposante de l’opposition, et Ms Joice Mujuro, ancienne numéro 2 du régime Mugabe mise au ban, sont au cœur de cette alliance politique inédite au Zimbabwe.
Au pouvoir depuis 1980, le président actuel, 93 ans, en dépit de sa sénilité (il dort pendant les réunions), entend rempiler pour un énième mandat malgré un pays en état de mort clinique depuis le début de l’an 2000, et le désespoir social à son paroxysme. Chaque année, le pays se vide de plusieurs milliers de ses habitants. Il y a donc péril en la demeure pour que se rassemblent des leaders politiques a priori incompatibles.
Les deux dirigeants sont des leaders d’expérience : Le premier, Morgan Tsvangirai a été ancien Premier ministre dans le cadre d’un partage du pouvoir à l’issue d’une élection, dont les résultats ont été rejetés par Robert Mugabe. Plus tard, il a été battu deux reprises par Robert Mugabe. La deuxième fois, arrivé en tête du premier tour, Tsvangirai fut contraint de retirer sa candidature à cause de la sauvage répression livrée à ses sympathisants par les partisans de Robert Mugabe. La troisième fois, il a été largement battu à l’issue d’élections évidemment…. truquées.
Il est aussi un homme d’une grande lucidité quant à la difficulté de vaincre Mugabe : « La Zanu-PF n’a pas gagné les élections ces dernières années, elle les a trafiquées. Je ne m’attends pas à ce que Mugabe dise “Je vais créer des conditions pour un scrutin libre et transparent” (…) Mais s’il y a un verdict clair des urnes, personne ne pourra se mettre sur le chemin du peuple», déclare-t-il.
Joice Mujuru, une ancienne égérie de la guerre d’indépendance
« Tous ceux qui veulent mettre fin au régime de la Zanu-PF doivent s’unir malgré leurs différences idéologiques, a ajouté M. Tsvangirai », selon l’AFP.
Quant à Ms Joice Mujuru, 62 ans, elle fut une longue carrière au gouvernement puis vice-présidente avant d’être éjectée en 2014. Robert Mugabe la soupçonnait de vouloir le remplacer. C’est une égérie de la révolution zimbabwéenne. Ancienne guérilléra, elle aurait abattu un hélicoptère durant la guerre de l’indépendance. Patronne du People’s national party (Parti national du peuple), elle peut attirer facilement à elle tous les déçus de la Zanu-PF, surtout les anciens combattants. Anciens atouts du régime, les ex-guérilleros se sont déclarés ouvertement contre Robert Mugabe et exigent son départ. Ms Joice Mujuru peut paraître comme une dame de poigne, elle vient de démettre sept collaborateurs.
Ms Joice Mujuru présente également l’atout de connaître Morgan Tsvangirai lors de leur collaboration pendant le gouvernement d’union nationale.
Egalement à cran contre Robert Mugabe, la société civile mobilisée derrière l’opposition entend de voir le processus d’union aboutir. Reste le choix du candidat unique. Si Morgan Tsvangirai a l’onction de la vox populi, il est tout de même sous la menace d’un cancer qui pourrait le faire paraître comme un candidat affaibli.
Si l’opposition parvient à un accord avant la fin de l’année, les jours de Robert Mugabe seront bien comptés. D’autant plus que son grand ami et protecteur, Jacob Zuma d’Afrique du Sud, est lui aussi sur la sellette.
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