Adhésion au Commonwealth : Puérile réaction de l’ANC

Une mission du Commonwealth a séjourné à Lomé pour évaluer la candidature du Togo, l’ANC n’est pas franchement emballé par cette perspective.

A la demande du Togo d’adhérer au Commonwealth, une mission de l’organisatin en séjour  dans la capitale togolaise a rencontré les officiels, les partis politiques ainsi que les organisations de la société civile.

L’Alliance nationale pour le changement (ANC), le plus grand  parti d’opposition, n’est pas vraiment enchanté par cette vision de la diplomatie togolaise conduite Robert Dussey. Cette adhésion n’est pas une « préoccupation  de l’heure », selon l’ANC, une claire allusion aux revendications de l’opposition pour les réformes constitutionnelles et institutionnelles.

L’essentiel, c’est « rendre le Togo crédible », a déclaré Kossi Sévéaménou Dra, chef de la délégation de ce parti ayant rencontré les experts de cette institution. Une crédibilité qui passerait par l’application des réformes.

 «Il faut faire en sorte que le Togo puisse devenir un Etat qui respecte les principes démocratiques et où l’alternance est effective avant d’intégrer ces organisations », affirme le chef de la délagation ANC.

Traduction : Le Commonwealth doit s’assurer de l’ancrage de la démocratie avant d’accepter leur adhésion.

 «(…) pour le Commonwealth, la première règle d’intégration est de s’assurer que les pays respectent les droits de l’Homme, que la démocratie est en marche où qu’il y a des efforts qui se font pour l’atteindre », ajoute-t-il en guise Kossi Sévéaménou.

L’ANC a tout faux

Les leaders de l’ANC doivent savoir raison garder et ne pas s’enthousiasmer de regarder le monde par le petit bout de la lorgnette. Une vision holistique de la situation mériterait leur attention. La surenchère droit-de-lhommiste est une vision enfantine de la politique, des relations inter-Etats et même de ce qu’est un Etat moderne.

La démocratie est une question de timing, et le retard à l’allumage du Togo ne doit pas être un handicap pour son développement économique et le bien-être des populations. Ignorer les fonctions insoupçonnables que peut jouer la diplomatie dans le progrès des nations, c’est faire preuve de cécité politique.

Les Togolais ne doivent pas attendre l’avènement de la démocratie avant de chercher la voie voire la voix du développement.

Certes, le Commonwealth, communauté de 52 Etats ayant ou non un passé colonial avec le Royaume Uni, est un vaste marché ayant des atouts indéniables,  même si le Togo sur le plan économique est quasi inexistant.  Mais cette situation  de dénuement industriel n’enlève rien à l’intérêt de l’offre. Au contraire.

Les avantages du  Commonwealth

Tout d’abord, il suffit d’aller sur Wikipedia– Ah, partisans du moindre effort !- pour connaître des avantages. Et le premier objectif est politique : « Le Commonwealth fait la promotion d’une série de valeurs communes à ses membres telles que l’égalité, la non-discrimination, la démocratie et la primauté du droit. La déclaration de Harare de 1992 a reconnu l’importance particulière  accordée aux droits de la personne, à l’éthique démocratique, à l’égalité des hommes, au développement durable et à la protection de l’environnement. »

On pourra objecter qu’il ne s’agit que d’une vue de l’esprit.  La réalité est loin d’être aussi idyllique : sur le plan des droits de l’homme, le bilan est mitigé. Le Commonwealth n’accorde aucun avantage et ne dispose pas de moyens de pression sur ses membres.  En réalité, pour des raisons d’ordre budgétaires, l’organisation ne fait que recenser les violations des droits de l’homme et peine à agir.

C’est d’ailleurs cette disposition qui pousserait le cynique régime togolais, spécialiste en violations des droits de l’homme à intégrer l’anglophonie. Mais ce n’est pas un groupe où l’impunité est garantie, les membres peuvent aller jusqu’à la très contraignante ONU.

Ensuite, pour les ressources humaines indispensables pour le développement des nations, il y a de l’espoir. Sur le plan du développement, les Etats  bénéficient de l’appui de réseau d’organismes privés, bénévoles et professionnels. Il comprend entre autres des associations juridiques, médicales, d’universités et de parlementaires, des professionnels et des organisations médiatiques et sportives .

Puis, encore sur le plan économique, il y a un rôle important  pour le progrès social et économique de ses membres. Le CFTC (Fonds du Commonwealth pour la coopération technique) soutient  les efforts des pays membres en développement afin d’accélérer le rythme de leur croissance économique.

Il fournit  des assistances techniques manquantes ou insuffisantes  aux pays  et un éventail de programmes de formation dans les secteurs considérés comme les piliers du développement économique.

Par exemple le Guyana a bénéficié dans ce cadre de la coopération de la Norvège pour protéger sa forêt équatoriale. Ce n’est pas rien !

Jean-Pierre Fabre, président de l’ANC, « chef de file de l’opposition »

Sortir du ghetto francophone

Bref, on pourra objecter qu’on trouve cet attirail dans n’importe quelle coopération multilatérale. Mais abondance de biens ne nuit pas. La multiplication des réseaux de coopération multilatérale, permet à la diplomatie togolaise d’offrir des moyens diversifiés à l’Etat du Togo mais aussi aux populations.

Enfin, une adhésion au Commonwealth peut permettre au Togo de sortir du ghetto de la Francophonie. Faut-il encore l’avouer, la francophonie est un frein pour les Etats africains restés dans un face-à-face  avec la France.

Les perspectives d’entrer en anglophonie sont immenses, ne serait-ce que sur le plan culturel et scientifique.

Le Rwanda, concours de circonstance, certes, – le génocide et  l’arrivée massive de citoyens anglophones en provenance d’Ouganda- mais aussi acuité de vision de Paul Kagame, a réussi à s’extraire de la sphère française et à s’ouvrir au monde extérieur. Loin des tares de la culture managériale à la française!

Le Rwanda a réussi à imposer la langue anglaise comme l’une des langues officielles, faisant de ces citoyens de bilingues. Les habitants de ce pays jouissent ainsi des avantages incommensurables en termes culturels et scienfitiques que d’avoir l’anglais comme langue de travail.


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A propos Komi Dovlovi 1148 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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