Bas les masques chez Gerry Taama ! Alors que le scrutin présidentiel entre dans une suite de controverses à propos de la vérité des urnes, c’est le moment choisi par le lieutenant Gerry Komandega Taama pour s’illustrer de la plus triste manière par une de ces déclarations à l’emporte-pièce dont il est coutumier, où le franc-parler confine à la bêtise.
Suppression du droit de contester
L’ex-lieutenant des forces armées togolaises- il a démissionné au bout de cinq ans de service, conteste la contestation des résultats de la présidentielle par le candidat de l’ADDI et le favori de l’opposition, Jean-Pierre Fabre du CAP 2015.
Pour lui, «l’époque de la contestation électorale est révolue» sans révéler pour autant si s’ouvre devant lui l’ère des hommes politiques complices et accepteurs de la fraude électorale.
Attendons la proclamation des résultats par la Céni, seule habilitée. Évitons les tendances inventées et protégeons la paix sociale. L’époque de la contestation électorale est révolue, a affirmé le président du NET.
Cette déclaration intervient à la suite d’un communiqué du candidat du CAP 2015 dans lequel il dénonce de graves et scandaleuses irrégularités pendant et après le vote. Le cas de la Binah est hautement symbolique où l’on a vu toute le corps électoral de la circonscription faire une participation à 100%, y compris les morts et les mineurs, mais surtout 1220 autres électeurs supplémentaires. Un autre cas dans le Dankpen où les résultats ont été foncièrement fabriqués, 320 voix pour le candidat Faure Gnassingbé et 20 points pour Jean-Pierre Fabre sans que dans l’urne il y eut des bulletins votés Fabre !
C’est cette contestation de la fraude que rejette Gerry Taama. Ce qui lui a valu une volée de noms d’oiseaux sur les réseaux sociaux où l’on n’a pas hésité de le taxer de rouler pour le pouvoir UNIR.
Le leader du NET est allergique à la transparence. A la veille de la présidentielle, quand la question de l’utilisation du dispositif de transmission électronique et de validation des résultats, s’est posée, Gerry Taama renvoie dos à dos le pouvoir et le CAP 2015, comme s’il n’était pas lui-même concerné par la transparence du vote. Et tard la nuit, il crée la surprise en signant un accord privilégiant uniquement les procès-verbaux issus des bureaux de vote comme seul mode de traitement et de validation des résultats.
Contradictoire ? Versatile ? En réalité, ce sous-officier est coutumier de ces déclarations que lui-même considère comme un franc-parler qui flirte avec un cynisme qui est en réalité plutôt affairisme et carriérisme en politique. La classe politique est tombée si bas qu’un ancien officier des FAT, crédité de 1% des voix, soit encore moins que les bulletins nuls, peut se permettre de faire du bizness quand l’objectif est de bouter hors du pouvoir un système presque cinquantenaire.
Son argument principal pour se présenter à la présidentielle est d’ordre pécuniaire : « l’argument financier est motivant », écrit-il sur sa page Facebook. Sans honte.
Une considération qui montre le peu de cas qu’il fait du devenir de ces concitoyens qui croupissent dans la misère crasse dont est responsable le régime d’Eyadema et fils. Alors que le processus démocratique a ruiné les hommes politiques togolais, Gerry Taama a fait de très bonnes affaires au cours d’une seule présidentielle en devenant multimillionnaire. Il a reçu 80 millions sur une allocation de 120 millions attribués à chaque candidat et bénéficié de 72 millions pour la surveillance des bureaux de vote dans lesquels l’absence de ses délégués était criarde.
Tirer son épingle du jeu
En se mettant du côté des oppresseurs, Gerry Taama se comporte en réalité comme tout bon militaire togolais instruit. Dans une situation de crise, le réflexe d’un officier togolais instruit est de tirer son épingle du jeu, trouver son salut personnel.
En 2005, à la veille de la présidentielle chaotique du 4 avril, le chef d’escadron Akila-Esso Boko, ministre de la sécurité, démissionne en dénonçant les massacres en perspective pendant et après le scrutin. Il se fait exfiltrer par une puissance étrangère et part en « exil » en France.
Comment l’homme qui a la mainmise sur les services de renseignements et est informé de tout ce qui se passait dans le pays, n’a-t-il pas eu le courage de dénoncer publiquement ceux qui allaient perpétrer les massacres, du moins essayer de les arrêter ? C’est tout simplement par peur pour sa vie. Par couardise. S’il avait été moins lâche et pensé moins à sa misérable, il aurait pu sauver des centaines de Togolais de la mort et éviterait au pays de connaître le destin qu’il subit avec la camarilla au pouvoir.
Aujourd’hui François Akila-Esso Boko exerce dans un cabinet d’avocat à Paris, et …il traite des dossiers du Togo. Exemple : un conflit entre l’ex Sotoco et un fournisseur allemand.
Il a passé la main à Gerry Taama. Ce dernier, alors que le Togo risque d’entrer à nouveau dans une crise post-électorale grave, vient d’abandonner ses concitoyens et en prenant le parti de Faure Gnassingbé.
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