Etats généraux de la presse : Tribune de Mme la ministre de la Communication

La presse togolaise, qu’elle soit publique ou privée, est en crise. Malgré le pluralisme, la presse ne joue pas son rôle d’information. Il n’a jamais été question pour elle d’éclairer la lanterne du public sur la politique du gouvernement dans ses différents domaines, ni sur les prises de position de l’opposition, ni sur les faits de société. Politisée à outrance, la presse défend plutôt des chapelles. Les citoyens sont à peine informés sur leur propre vécu. Près de trois cents titres sont enregistrés, mais les parutions sont irrégulières et épisodiques. Les journaux les plus réguliers se comptent sur les doigts de la main. Sans structure d’entreprise digne de ce nom, sans convention collective, les organes de presse et les journalistes se clochardisent.

Considérée ailleurs comme un contre-pouvoir, la presse est ici plutôt pro-pouvoir ou proche de l’opposition. Elle n’est jamais du côté des masses populaires. Stipendiée, elle est à la solde des puissances politiques et financières. Les patrons de presse érigés en journalistes gèrent les organes comme une épicerie libanaise, quand eux-mêmes ne se sont pas déjà vendus à l’encan.

Avec un code de presse libéral, l’un des plus libres au monde, l’Etat du Togo-l’Etat RPT-UNIR- cynique, refuse de créer les conditions d’éclosion d’une presse  libre, indépendante, dynamique, devant accompagner le processus démocratique.
On ne peut plus occulter la corruption morale de la presse, ni son rôle délétère dans le processus démocratique. La presse a une part de responsabilité dans la crise togolaise pour être incapable d’éclairer les Togolais en vue d’un changement.
Du 30 au 2 juillet, se tiennent à Kpalimé les états généraux de la presse. Selon la ministre de la Communication et la Formation civique, Anaté Kouméalo, ces assisses devront conduire à la renaissance de la presse. Le Temps en doute, pour une raisons simple : l’inanité de ces rencontres saute aux yeux. D’autant plus que les états généraux de la santé, de l’éducation attendent depuis des lustres d’être organisés. Difficile de croire que ceux de la presse soient organisés avec cette précipitation. Il y a manifestement anguilles sous roche.

Le ministère qui connaît profondément les problèmes de la presse , n’a pas besoin d’un forum pour lui proposer des solutions. Mais nous vous proposons de lire tout de même la tribune de Mme la ministre, à la veille de ces états généraux.

anate koumealo_ministre de la culture

Tribune libre
Bâtir ensemble une presse moderne et prospère

Du 30 juin au 2 juillet, nos regards seront tournés vers Kpalimé où se tiendront les états généraux de la presse togolaise. Ces assises tant attendues s’annoncent d’ores et déjà comme un repère important dans la consolidation des bases de la société pluraliste et plus responsable que notre pays s’attèle à conduire depuis quelques décennies.
Les états généraux de la presse ont tout d’abord été voulus par les acteurs des medias eux-mêmes. Après des années de pratique professionnelle chacun s’accorde sur la nécessité d’un nouveau départ.
Ce rendez-vous est également une réponse du gouvernement aux besoins que les citoyens ressentent d’être mieux informés, par des professionnels soucieux d’apporter leur contribution à la bonne marche des affaires du pays.
C’est un cadre d’échange et de partage unique. Les professionnels auront l’occasion de discuter à cœur ouvert et sans tabou, mais dans un climat apaisé, pour établir un diagnostic des difficultés qui minent le secteur. Car, c’est un devoir citoyen et une obligation pour tous les acteurs concernés de sauvegarder le pluralisme et d’éviter les dérapages.
Il s’agit pour les professionnels de décider de leur avenir en définissant de nouvelles orientations pour un secteur qui a besoin davantage de professionnalisation.
La rencontre de Kpalimé devra permettre, entre autres, de renforcer les capacités managériales des responsables des organes de presse et des organisations professionnelles, d’encourager la diversité et la variété des contenus éditoriaux en promouvant la spécialisation des supports et des journalistes et de définir les mécanismes de co-régulation. Le cadre législatif et réglementaire sera examiné afin d’être mieux adapté ; des mesures concrètes seront prises pour renforcer l’image de la presse auprès de l’opinion publique.

Il est également attendu de cette rencontre des recommandations pour améliorer les conditions de vie et de travail des journalistes ainsi que leur sécurité sur le terrain. Des discussions auront lieu sur les possibilités de fédérer les organisations syndicales et associatives.
Le gouvernement togolais attache une grande importance à la réussite de ces états généraux. Il souhaite accompagner, dans la mesure de ses possibilités, les acteurs de la presse, à travers le ministère chargé de la Communication et la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC).
Le succès de ces états généraux dépend avant tout des professionnels eux-mêmes, de leur adhésion et de leur implication totale à cette initiative.
C’est pour cette raison qu’il faut, d’ores et déjà, saluer la détermination des journalistes qui, mus par un esprit patriotique, se sont impliqués corps et âme dans la préparation de ce rendez-vous voulu par tous.
En dépit de quelques difficultés et des défis inhérents à la tâche, les états généraux se tiendront comme prévu du 30 juin au 2 juillet.
Tous les acteurs concernés ont le devoir de prendre part activement à ces assises.
Quelle que soit l’appartenance politique ou la ligne éditoriale des journaux et de leurs responsables, l’heure n’est plus aux tergiversations.
Nous poursuivons tous le même objectif : la bonne santé de la presse, condition sine qua non pour renforcer la démocratie au Togo.
Les journalistes doivent éviter les surenchères inutiles, les jugements hâtifs, la polémique stérile, pour privilégier durant les rencontres de Kpalimé l’objectivité, l’intérêt commun et la critique constructive. C’est ainsi que nous bâtirons tous ensemble une presse moderne et prospère.
Chaque acteur de la presse a un rôle déterminant à jouer et une lourde responsabilité vis à vis des Togolais
L’échec n’est pas permis.
Kouméalo ANATE


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A propos Komi Dovlovi 1098 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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