Le président Faure Gnassingbe savait parfaitement que le colonel Bitala Madjoulba assassiné dans la nuit du 3 au 4 mai 2020 courait de graves dangers, mais aurait laissé faire, affirme Akila-Esso François Boko, opposant au régime en exil dans de troublantes révélations.
Il s’agit d’affirmations en live par l’ex ministre de l’Administration territoriale d’Eyadema et opposant au régime en place, au cours d’une émission politique sur la chaîne américaine Tempo Afric TV, ce dimanche 17 novembre 2024 à 17h00 GMT (12h00 heure de New-York). Tempo Afric TV est une chaîne numérique américaine détenue par des Africains dont des Togolais.
Néanmoins, Le TempsTG met les affirmations au conditionnel tant qu’on disposera pas de confirmations de sources indépendantes.
De par son passé de chef d’escadron de la gendarmerie nationale et ministre de l’Administration territoriale, M. François Boko serait très introduit dans certains cercles de l’armée.
Peu avant son assassinat, le colonel Bitala Madjoulba aurait tenté à plusieurs reprises de rencontrer le chef de l’Etat togolais en vain, a décliné l’ancien ministre. De guerre lasse, l’ex-commandant du 1er Bataillon d’intervention rapide (BIR) (2014-2020), aurait informé le ministre Gilbert Bawara de ses démarches inutiles pour rencontrer le président Faure Gnassingbe. Alors le ministre du Travail Bawara téléphona au chef de l’Etat togolais et ce dernier lui aurait suggéré de « ne pas s’en mêler« , qu’il s’agirait d’une «affaire entre militaires». «On l’a su grâce au relevé téléphonique du portable de Madjoulba», a ajouté M. François Akila-Boko.
Dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, le colonel sera assassiné dans son bureau à l’Etat-major des armées. Il était le chef stratège des Forces armées togolaises. Son assassinat avait suscité inquiétudes et incompréhensions dans l’opinion. Le procès de ses présumés assassins avait eu lieu en novembre 2023, et plusieurs condamnations à la clé. Sans plus.
Qui a tué le colonel Bitala Madjoulba ?
D’après M. Akila-Esso Boko les assassins pourraient faire partie de la garde présidentielle, contrairement aux éléments jugés par la justice militaire. Parmi les militaires condamnés par la justice figure le général Félix Abalo Kadanga, ancien chef d’Etat-major des FAT. Selon M. Boko, Félix Kandaga, qui dirigea l’armée au moment des faits, avait déclaré devant le tribunal militaire que la douille de la balle qui a tué Madjoulba ne faisait pas partie de leurs stocks de munitions mais de celles destinées exclusivement à la garde présidentielle.
L’ancien ministre et opposant du régime a par la suite ajouté que l’assassinat du colonel Madjoulba puis la dispersion de ses éléments dans les différentes casernes du pays ont considérablement affaibli la lutte armée contre le terrorisme islamique qui sévit dans le nord-Togo.
Cependant il faut préciser le contexte dans lequel M. François Boko fait ses déclarations fracassantes. Exilé de force en France après s’être opposé à l’arrivée de Faure Gnassingbe au pouvoir en 2005, l’ancien ministre incarne aujourd’hui une opposition radicale au régime en place. Avec deux autres Togolais de la diaspora, l’ancien ministre de Mitterrand Kofi Yamgnane et Jean Sylvanus, neveu du père de l’indépendance Sylvanus Olympio, il crée en juillet 2024 le Mouvement de Libération Nationale (MLN). L’objectif avoué de ce front est de « fédérer les forces de la diaspora et du peuple togolais tout entier ensuite, pour mettre fin à l’injustice, au délabrement du tissu économique et social, aux inégalités abyssales, à la corruption, à la manipulation, à la dictature, à la monarchisation du Togo« .
D’après plusieurs sorties de ce front – une intervention a conduit à la suspension d’une émission matinale d’une radio locale et d’un journaliste – le MLN est prêt à utiliser tous les moyens pour inhiber la réalisation de la 5ème république.
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