Journée internationale de la démocratie : au Togo, tout est à refaire

La Journée internationale de la démocratie, célébrée chaque année le 15 septembre, constitue une occasion cruciale pour examiner et évaluer l’état de la démocratie à travers le monde. Cependant, au Togo, ce bilan est affligeant et soulève de profondes inquiétudes. La démocratie togolaise est confrontée à une stagnation alarmante, marquée par des transitions démocratiques bloquées, des réformes institutionnelles avortées et un climat politique répressif qui pèse sur les espoirs d’un avenir meilleur.

Depuis plus de trois décennies, le Togo est engagé dans ce qui aurait dû être une transition démocratique significative. Pourtant, cette démarche semble s’être enlisée, laissant la population dans une situation de désillusion. Les promesses faites aux Togolais pour des réformes institutionnelles essentielles, qui auraient dû garantir un cadre électoral juste et équitable, n’ont pas été tenues. Les quelques tentatives de réforme qui ont eu lieu se sont souvent heurtées à des résistances politiques, à des manœuvres dilatoires et à des jeux d’alliances opportunistes, aboutissant à un statu quo insatisfaisant qui n’apporte aucune solution aux défis auxquels le pays est confronté.

Le parti UNIR, dirigé par Faure Gnassingbé, a su capitaliser sur cette impasse politique, consolidant ainsi son pouvoir tout en étouffant toute forme d’opposition. La concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul parti a créé un déséquilibre flagrant, où le pluralisme politique est non seulement affaibli, mais souvent réprimé. L’adoption unilatérale par le régime d’une nouvelle constitution, sans véritable consultation des acteurs politiques ou de la société civile, illustre parfaitement cette dérive. Ce geste, loin de renforcer la démocratie, a plutôt servi à légitimer le règne illimité de Faure Gnassingbé. Celui-ci, après quatre mandats consécutifs, continue de s’accrocher au pouvoir, affichant une indifférence préoccupante envers les aspirations démocratiques des Togolais. Il est indéniable que Faure Gnassingbe n’a aucune intention d’instaurer la démocratie au Togo.

Dans ce contexte, l’espace public, autrefois riche de débats d’idées et de contestations dynamiques, se ferme progressivement sous le poids de la répression. Les partis politiques d’opposition, qui devraient jouer un rôle fondamental dans un système démocratique, se retrouvent souvent réduits au silence, incapables d’exprimer leurs revendications et de défendre les droits de leurs partisans. La société civile, pourtant essentielle à la vitalité démocratique, subit des pressions constantes et des intimidations qui entravent sa capacité d’action. Les organisations non gouvernementales, qui œuvrent pour la promotion des droits humains et la bonne gouvernance, se voient confrontées à des obstacles de plus en plus nombreux, qu’il s’agisse de restrictions légales ou de harcèlements administratifs.

Les médias, en tant que quatrième pouvoir, jouent un rôle crucial dans la surveillance des autorités et dans l’information des citoyens. Toutefois, au Togo, la liberté de la presse est soumise à une censure accrue. Les journalistes sont souvent victimes de menaces, d’arrestations et de violences, ce qui crée un climat de peur et d’autocensure. Ainsi, l’accès à une information objective et diversifiée devient un luxe, compromettant la capacité des citoyens à prendre des décisions éclairées.

La nouvelle Assemblée ?Nationale du Togo est constituée à plus de 95% par des députés du parti UNIR

Il est impératif de comprendre que l’État de droit au Togo, tel qu’il se présente aujourd’hui, ne répond pas aux critères d’un système démocratique. Les droits humains, la liberté d’expression et le respect des droits des opposants politiques sont régulièrement bafoués. Une démocratie véritable ne se limite pas à des élections périodiques ; elle nécessite des institutions fortes, indépendantes et responsables qui défendent les droits de tous les citoyens, sans distinction ni discrimination.

La célébration de la Journée internationale de la démocratie rappelle qu’il est crucial que les Togolais dans leur diversité, prennent conscience de l’urgence d’une mobilisation collective. La démocratie ne doit pas être un concept abstrait, mais une réalité vécue au quotidien. Le Togo mérite mieux, et il est temps que les Togolais réclament leur droit à une véritable démocratie, où chaque voix compte et où chaque citoyen peut participer librement à la vie politique de son pays.

Il est essentiel d’engager un nouveau processus politique pour des réformes significatives et d’exiger un dialogue inclusif qui permettra de redonner espoir aux citoyens et de restaurer la confiance dans les institutions. Ce n’est qu’à travers un engagement sincère et une réelle volonté politique que le Togo pourra aspirer à une démocratie véritable, vivante et respectueuse des droits de tous. La route vers une démocratie florissante sera certainement semée d’embûches, mais il est impératif de persévérer. Les Togolais, acteurs de changement, doivent s’unir pour réclamer des changements durables, afin que leur pays puisse enfin réaliser son potentiel démocratique et offrir à chaque citoyen la possibilité de vivre dans un environnement libre, juste et équitable. Seule une telle mobilisation pourra ouvrir la voie à un avenir meilleur pour le Togo, fondé sur les principes de la démocratie et des droits humains.

Joséphine BAWA & K. Agboglati


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