Togo: Le Front «Touche pas à ma constitution» veut mettre fin à la dictature et ouvrir une période de transition

Une partie des membres du "Front Touche pas A Ma Constitution" autour de la table pendant la conférence de presse

Pour le Front anti-régime, « le seul objectif que [les Togolais doivent]  désormais poursuivre est de mettre un terme à ce régime de dictature, afin d’ouvrir les voies d’une transition qui refondera les bases d’un nouveau contrat social ».

C’est sur une sagesse éwé que Nathaniel Olympio a clôturé cette conférence de presse du Front «Touche pas A Ma Constitution», un regroupement de partis politiques et d’associations, ce 8 mai au siège du Parti des Togolais. «Tant qu’on ne coupe pas la tête du serpent, il continuera de mordre », assène le président du Parti des Togolais. L’allégorie est assez claire sur le projet politique  du Front, de bouter Faure Gnassingbe hors du pouvoir, depuis que ce dernier a promulgué la  nouvelle constitution adoptée par la précédente législature. La promulgation de cette constitution qui inaugure «une monarchie républicaine », «une présidence à vie » mais  « ne met pas fin à la lutte du peuple togolais», indique la déclaration liminaire.

Le Front décline les différentes atteintes à la constitution opérées par le régime depuis l’arrivée de Faure Gnassingbe au pouvoir en 2005. Des atteintes qui ont pour but inavoué de consacrer « le pouvoir d’un seul » sur les institutions et d’asseoir « un pouvoir à vie ». La suppression de la limitation du mandat du président de la République, l’émasculation de la fonction du Premier ministre, transformé en « simple commis » du président, la remise du compteur à zéro en 2018, autant de modifications insupportables jusqu’à cette constitution d’une 5ème république, où M. Faure Gnassingbe se passe désormais de l’onction populaire pour diriger le pays.

Le regroupement des partis « conteste et refuse la nouvelle constitution » et rejette par la même occasion les élections qui sont un moyen pour « ce régime pervers » de « conserver le pouvoir par la fraude ».

Ils dénoncent également  la « bienveillance coupable de la CEDEAO, de l’Union Africaine, de la Francophonie et de la communauté internationale à l’endroit d’un régime pervers qui n’a aucune considération pour les libertés, l’Etat de droit et les valeurs démocratiques « . La CEDEAO est perçue comme l’organisation qui a imposé Faure Gnassingbe aux Togolais en 2005, et s’est rendue complice du coup de force opéré par le pouvoir dans le cadre des législatives 2018.

«A part le passeport, la libre circulation  des biens et des personnes, la CEDEAO n’a plus rien offert aux peuples africains depuis 2000 », dit par exemple Nathaniel Olympio.

Dégager Faure Gnassingbe et refonder les bases d’un nouveau contrat social

Le silence de la communauté internationale doit rappeler «au peuple togolais qu’il doit d’abord compter sur lui-même». Lequel peuple est invité à résister, résister, au putsch constitutionnel,  «résister en menant une lutte citoyenne, une lutte de libération».

Cependant, le Front va plus loin  dans son rejet de la constitution et des législatives. Pour la première fois depuis 2005, des partis politiques  de l’opposition formulent une offre politique claire, à savoir le départ de Faure Gnassingbe, de gré ou de force,  et l’ouverture d’une période de transition post-régime pour réinitialiser les bases d’un vivre ensemble.

«Le seul objectif que nous devons désormais poursuivre est de mettre un terme à ce régime de dictature, afin d’ouvrir les voies d’une transition qui refondera les bases d’un nouveau contrat social», indique la déclaration.

C’est le « ground zero », explique Jean Kissi, président de CAR Transition, pour exprimer ce projet de faire table rase, de reconstruire totalement le Togo.Certes, vu la faible mobilisation, vu la certaine lassitude des populations à l’égard de la chose politique, alors que le renchérissement des prix des produits vivriers bat son plein, dégager Faure Gnassingbe ne semble pas un projet évident sur le très court terme.

Pour les organisateurs, le projet ne fait que débuter. Visiblement ils attendent rassembler les forces vives togolaises de l’intérieur et de la diaspora autour d’une plateforme civique. On peut penser  déjà à l’exemple soudanais qui a conduit à l’éviction du général Omar Béchir.

Grosso modo, en voulant se faire une constitution personnelle et une « république monarchique », Faure Gnassingbe a ouvert la boîte de Pandore d’une grave crise politique qui se profile à l’horizon. Zeus rend fou ceux qu’il veut perdre, dit l’adage.

Le « Front Touche pas A Ma Constitution est composée de : DMP – Dynamique pour la Majorité du Peuple (CDPA, DSA, Le NID, LA RACINE, MJS, FDP, GAMESSOU, BINDJEGUE BINDJE, LES ADMIS, ALCADES et personnalités), ADDI, LES DEMOCRATES, PARTI DES TOGOLAIS, CAR Transition, UDS-Togo, SANTE DU PEUPLE, et des mouvements et associations comme CODITOGO, et MOUVEMENT TOGO SOUVERAIN (Ensemble le Togo, Front Togo Souverain)

 

A propos Komi Dovlovi 1067 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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