Au Togo, les élections législatives et régionales ont eu lieu le 29 avril 2024. 4,2 millions d’électeurs, et selon les observations, taux de participation des plus faibles jamais enregistrés au Togo, au point où certains analystes ironisent en affirmant que le taux de participation est le grand gagnant des élections.
Quatre jours après le vote, les Togolais sont toujours dans une interminable attente. Les chiffres officiels de ce double scrutin ne sont pas encore disponibles. Pour leurrer l’opinion et donner l’impression qu’un travail approfondi se fait, la CENI a ouvert un studio dans ses locaux. On y retrouve des journalistes de la télévision nationale et d’une chaîne privée jugée proche d’UNIR, le parti au pouvoir. C’est sur ces deux télévisions que les populations suivent les résultats qui tombent à compte-goutte. Des résultats partiels et provisoires.
Cela suscite des interrogations. Quel est le véritable taux de participation ? Quels sont les suffrages exprimés ? Quels sont les partis qui seront représentés dans la future assemblée nationale ? Un millier de questions taraudent les esprits. Mais difficile de répondre sans craindre de se tromper puisqu’au Togo, les résultats des élections fluctuent au gré des humeurs des tenants du pouvoir. Le gagnant dans les urnes peut perdre les élections à la CELI ou la CENI.
Dans tous les cas, une chose est sûre ; la CENI de Dago Yabré fait dans l’incompétence. Quatre jours après le scrutin, la Commission se retrouve incapable de proclamer des résultats provisoires qui seront transmis à la Cour constitutionnelle. On donne des « tendances » d’une circonscription électorale à une autre et ça n’en finit pas. Tantôt dans l’ordre alphabétique, tantôt suivant la situation géographique.
En réalité, depuis le 30 avril, lendemain du vote, les résultats devraient être connus si on y met de la compétence. Mais c’est toujours l’agaçante attente, surtout en ce qui concerne la capitale où se concentre le gros de l’électorat.
Couac dans le code électoral avec un nouveau terme « bulletin contesté »
D’aucuns diront que la CENI dispose de six jours pour proclamer les résultats provisoires. Certes. Mais il convient de souligner qu’il s’agit d’un délai qui tient compte d’éléments susceptibles de ralentir le travail de la CENI. Dans le cas présent, il n’y en a pas. En dehors du fait que la Commission est incapable de faire son boulot.
Pire, à l’heure du numérique et dans un pays qui s’attribue toutes les gloires d’être le premier en Afrique de l’Ouest à déployer la technologie 5G, on ne devrait avoir aucune difficulté à centraliser les résultats. La 5G permet une fluidité dans la transmission des données. La technologie s’utilise, on ne le contemple pas tel un trophée.
Incapables de lire des résultats, la CENI tord le cou à la loi et s’offre les services de journalistes. En lieu et place de Dago Yabré, ce sont Anita Attigaku (TVT) et Gaëtan Kpadjéba (NWTV) qui jouent les membres de la CENI. Une pratique contraire au code électoral. La proclamation des résultats fait partie des attributions de la CENI dont les membres sont élus par l’assemblée nationale ou choisis par le chef de l’État. Ils travaillent sous serment. Ce qui n’est pas le cas de ces journalistes.
Autre remarque, les fameuses tendances ne sont disponibles que sur les réseaux sociaux. Pourtant, la CENI dispose d’un site internet sur lequel l’institution peut afficher les résultats provisoires. C’est une autre facette de l’incompétence des hommes qui la dirigent.
Chose curieuse, Dago Yabré introduit dans son vocabulaire le terme « bulletin contesté ». On conclut que sur certains cas de contestations, la CENI se dit incompétente de se prononcer sur la validité du vote ou sa nullité. Du jamais vu !
Revenant au retard que prend la proclamation des résultats, on peut rappeler février 2020. Le vote a eu lieu le 22 et le 23, Faure Gnassingbé est proclamé vainqueur.
Enfin, les tendances que lisent les journalistes ne sont que les résultats qui seront déclarés provisoires et confirmés par la Cour constitution. Connaissant la procédure de falsification des résultats, il ne peut en être autrement.
Jean-Baptiste Edina
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