Le nombre des cas confirmés ne cesse d’augmenter dans quasiment toutes les régions du pays, spécialement les régions de la Savane, de la Kara et la préfecture d’Agoè paraissent les plus touchées. En l’espace de cinq jours, le pays enregistre 317 cas, passant de 5166 à 5483 cas confirmés. Un nouveau décès porte le décompte macabre à 80 décès. D’une façon générale, la patientèle souffrant de covid-19 est 853 actifs dont plus d’une cinquantaine en réanimation.
Aggravation du nombre de cas, mais surtout exacerbation de la situation économique et sociale dans la région de la savane, région productrice de tomates et de légumes, mais surtout la plus pauvre du pays.
Situation sociale désastreuse
Pour couper la chaîne de contamination, le gouvernement soumet depuis le 16 janvier la région à un bouclage et une mesure de couvre-feu. Les communications avec le reste du pays ainsi que le Ghana, le Bénin et le Burkina sont coupées.
Conséquence, les producteurs n’arrivent plus à écouler leurs stocks de tomates. Les tomates pourrissent sur place, jetées en pâture aux porcs ou bradées.
« Nos tomates pourrissent parce-que nous n’arriverons plus à les vendre à cause du bouclage de la région, parfois nous nourrissons nos cochons avec » dit un producteur de tomates à Korbongou, une localité située à 15 km à l’Est de Dapaong , relayé par un internaute.
Les commerçants aux abois lancent des cris d’alarme aux autorités publiques pour remédier à la situation.
L’inaction des autorités face à la situation, quasiment 12 mois après le début de l’épidémie, est incompréhensible. Le ministère du commerce devrait assurer la sécurisation de l’approvisionnement du pays en produits de consommation et par conséquent prendre les mesures idoines pour permettre aux producteurs de tomates d’écouler leurs produits dans les conditions sanitaires les plus sûres.
La crise sanitaire n’étant pas aussi grave, quelques centaines de cas après plusieurs mois et seulement 64 décès, le gouvernement togolais semble avoir dormi sur ses lauriers.
Pis, le gouvernement n’entend juguler la crise que sous l’aspect militaire (bouclage et couvre-feu), l’aspect social et économique manque de soins.
En mars, dans une interview accordée à un expert togolais, ce dernier attirait l’attention du gouvernement sur la politique d’approvisionnement et les moyens logistiques au cas où l’épidémie prendrait une très grande ampleur.
Ce qu’en pensait un expert togolais
Voici les suggestions de cet expert:
Prenons la question de l’approvisionnement. Habituellement, il est le fait d’une multitude de petits opérateurs gardant secrets leurs circuits comme des secrets industriels. Et pour eux, c’en sont, des secrets industriels. Un gouvernement légitime se rapprocherait d’eux pour les aider à assurer cet approvisionnement, dans des conditions sanitaires sûres pour tous. Mais ce faisant, il accèderait, de fait, à ces secrets. Si les opérateurs n’ont pas l’assurance que ces secrets ne seront pas éventés, entraînant, leur ruine, ils ne les livreront jamais ; contribuant ainsi à installer la famine.
D’autre part, idéalement, si l’État voulait le faire, il faudrait qu’il achète aux producteurs leurs produits à un cours un peu supérieur au prix du marché. Sinon, ils préféreraient les vendre clandestinement à des opérateurs qui eux les paieraient un peu plus chers pour les revendre encore plus chers. Cela accentuerait et la propagation de la maladie et celle de la pénurie.
En somme, plutôt que de vouloir user et abuser de la force, il faudrait assurer au maximum de personnes, y compris toute la population, que leurs intérêts sont pris et seront pris en compte. À cette condition seule, tous accepteraient d’agir selon leur intérêt bien compris : échapper à la maladie et échapper à la famine et à la ruine, à court, moyen et long-terme.
La région de la savane est la plus pauvre du pays. Le seuil de pauvreté est de 90% pour toute la région, mais elle comprend également de très fortes disparités. Ainsi dans le Kpendjal, le seuil peut atteindre 96% de la population, c’est à dire que des populations ont des revenus dépassant à peine un repas par jour.
D’une superficie de 8 470 km², la région de la Savane rassemble les préfecture duTone, Kpendjal, Kpendjal-Ouest, Cinkasse et Tandjoar, Oti et Oti-sud. Elle compte environ 800 mille habitants.
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