Editorial : En attendant le débat…

Une escouade l'armée lors de la répression des manifestations de l'opposition avant, pendant, après la présidentielle d'avril 2005. (Image d'archives)

Dans des messages écrits et vocaux  sur les réseaux sociaux,  un activiste togolais  résident aux Etats-Unis et soi-disant économiste, selon ses dires, accuse nommément la communauté Kabyè et surtout l’armée à dominance kabyè de tuer les autres communautés et d’avoir ambition d’installer un Kabyè Power. Vrai ou faux ?

#NonKabyèLivesMatter, les sorties de Yemi de Souza se résument grosso modo en ce hashtag où il invite les militaires Kabyè à enlever leurs genoux du cou des autres communautés.
Ce discours n’est pas nouveau, c’est peut-être le ton et cette voix de goret qu’on égorge qui amplifie les propos et exacerbe leur portée. C’est un vrai secret de polichinelle, la sortie de Yemi de Souza. Et quasiment tout le monde le disait dans toutes les chaumières, y compris des gens de culture Kabyè. Bien évidemment, personne n’est dupe, l’ethnie est ici instrumentalisée pour conserver le pouvoir.
Le ministre François Boko, l’un des rares militaires et homme politique visionnaire, voulait mettre fin à cette situation en proposant en 2005 à l’armée et au gouvernement par intérim de choisir un premier ministre issu de l’opposition (UFC) et d’installer un gouvernement de transition afin de remettre le pays sur de bonnes bases et réorganiser des élections générales plus tard (une espèce de state building). Il a même demandé à l’opposition de renoncer à la présidentielle pour laisser Faure Gnassingbe en plan. On connait la suite.
De Yemi de Souza, il vaut mieux que ça sorte… quitte à paraître l’ouverture de la boîte de Pandore.
Nous espérions que, de silence, cette boîte reste fermée avec dedans tous les maux pouvant en surgir ; mais c’est une illusion. Nous n’avons pas d’autre alternative que de l’accepter ouverte et de veiller à en dompter les monstres…
Il faudrait donc ouvrir le débat et que les intellectuels, les analystes, les sociologues togolais s’emparent vraiment du sujet au lieu de le laisser à la merci des réseaux sociaux.
Les solutions de Yemi de Souza sont une approche, on devrait lui montrer qu’on peut faire mieux dans la perspective de fonder une véritable nation.
Au moins, tout le monde reconnaît que le Togo n’est qu’un assemblage de tribus vivant côte à côte, sans aucune intégration (même s’il y a parfois interpénétration …), que le titre de père de la nation attribué à Eyadema est usurpé; qu’on ne peut même pas l’appeler père d’une nation Kabyè ; à la rigueur est-il le père d’un CLAN.
Notre voix n’est pas encore tassée….


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A propos Tony Feda 151 Articles
Journaliste indépendant. Ancien Fellow de l'Akademie Schloss Solitude (Stuttgart, Allemagne), Tony FEDA s’intéresse à la sociologie, la culture- ses domaines de prédilection sont la littérature et les arts de la scène du Togo. A travaillé pour plusieurs journaux dont Le Temps, Notre Librairie. www.culturessud.com. Depuis août 2018, s'inspirant de Robert Park et de Bourdieu, il entame sur son blog www.afrocites.wordpress.com des projets sur des thèmes concernant la ville.

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