Le général ministre Yark Damehane a pris, le 23 septembre dernier, une mesure portant sur la remise aux propriétaires d’engins à deux roues saisis au cours des opérations de contrôle. A l’analyse, il s’agit d’une décision politique censée acheter de façon anticipée la paix sociale.
« Les propriétaires des engins saisis et gardés dans les unités de la Police nationale, de la Gendarmerie nationale et de la Division de la Sécurité routière à l’occasion des opérations de contrôle de police, sur toute l’étendue du territoire, sont invités à venir les retirer sous présentation des pièces justificatives de leurs droits de propriété », annonce le ministre dans un communiqué rendu public le 23 septembre dernier. Et le général-ministre ajoute en guise de cerise sur le gâteau : «aucun frais de fourrière ne sera exigé».
L’annonce arrive quelques jours après les manifestations de colère populaires à Cinkassé, nord Togo, à la frontière du Burkina. Des centaines de jeunes ont entrepris la casse de la douane pour y récupérer les engins à deux roues saisis tandis que d’autres ont barré l’accès à leurs quartiers aux agents de l’OTR (Office togolais des recettes). Ces derniers étaient en mission d’opération de saisies des engins sans plaque minéralogique, donc non-dédouanés. Les images sur les réseaux sociaux témoignent de la frustration des populations de Cinkassé.
Anticiper les effervescences sociales
Néanmoins, étrangement, ni la gendarmerie, ni l’armée disposée à Dapaong, ne sont intervenues pour disperser ces manifestations spontanées. Pour rappel, ces soubresauts populaires se produisent quelques semaines après le vote d’une loi restreignant sévèrement les libertés publiques. La la loi a été adoptée sous prétexte de lutte contre le terrorisme et les manifestations interviennaient surtout dans un contexte de renforcement du dispositif militaire et sécuritaire.
Alors les fourrières des unités de police sont-elles débordées ? Ou le gouvernement craint-il que les évènements de Cinkassé fassent tâche d’huile et s’étendent à tout le «territoire national» ? On est tenté de le penser. La générosité subite et publique du général de brigade Yark Damehane surprend et fait encore rire les oiseaux de la basse-cour. Le gouvernement visiblement lâche du lest sur des questions aussi cruciales que le respect du code de la route ou la déclaration en douane (recettes fiscales). Aussi peut-on penser s’il sagit de s’acheter une paix sociale à quelques mois de la présidentielle 2020 ?
Par conséquent, l’entrée en vigueur du contrôle du permis de conduire pour engin à deux roues, cheval de bataille du ministre Damehane Yark, pourrait être reléguée à la Saint-Glinglin. Voire définitivement enterrée. On estime à près d’un million le parc de motos à deux roues au Togo.
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