La grève se déroulera du 15 au 20 juillet. En attendant, les syndicats laissent une porte ouverte pour des discussions avec le gouvernement afin d’éviter une grève dure pouvant perturber profondément les activités pédagogiques à l’approche des examens.
La décision de la grève a été prise lors d’une assemblée générale tenue le 5 juillet dernier ; une réunion somme toute logique après le silence du gouvernement quant à un précédent préavis de grève de 72 heures .
C’est donc manifestement excédés par l’absence de réaction du gouvernement, malgré de multiples rappels, que les syndicats comptent entreprendre « une cessation des activités reconductible si aucune solution n’est trouvée ». La grève est censée se dérouler du lundi 15 au samedi 20 juillet. La cessation concernera toutes les activités pédagogiques se déroulant dans l’ensemble des deux universités de Lomé et de Kara, et ce à l’approche des examens.
Des engagements non respectés
Contrairement aux rumeurs, le préavis de grève porte non sur le fonctionnement des institutions universitaires mais sur des revendications corporatistes non appliquées par le gouvernement depuis la signature d’un protocole d’accord entre les parties le 3 novembre 2011.
En effet, le 3 novembre 2011, un protocole d’accord portant sur l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants-chercheurs du Togo a été signé entre le gouvernement et les syndicats du supérieur. Selon les termes de cet accord, il reste à devoir par le gouvernement une revalorisation de 15% sur les salaires de base et 25% sur les indemnités et les primes. Le gouvernement a promis alors d’intégrer ce reliquat d’accord au titre de l’exercice budgétaire 2019. Un engagement dont la matérialisation semble être reléguée aux calendes grecques, selon les syndicats.
Aussi, les syndicats interpellent alors le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, le 26 avril dernier, sur la non-application des engagements. Ils lui rappellent en outre l’oubli par le gouvernement d’autres doléances, à savoir «la prise en compte de la situation salariale actuelle dans le calcul des pensions des enseignants qui partent à la retraite», et l’intégration «automatique» des enseignants contractuels du supérieur admis sur une liste du Conseil africain et malgache de l’enseignement du supérieur (Cames). Les syndicats exigent également l’adoption d’un texte réglementaire en vue de l’intégration de ces contractuels dans la Fonction publique. Cette mesure doit être étendue de même aux enseignements de l’Ecole normale supérieure d’Atakpamé, indiquent également les syndicats.
Cependant, sur ces derniers points, les syndicats se sont sentis blousés par le gouvernement, qui a contourné la doléance par l’intégration de quelques enseignants dans la Fonction publique, au lieu de le rendre systématique par une loi.
D’après les syndicats, le ministre n’a donné aucune suite à leur courrier. Une autre lettre, restée également sans suite et abondant dans le même sens des revendications et des rappels, a été adressée au Premier ministre le 10 mai dernier.
C’est donc en désespoir de cause que les syndicats lancent ce mouvement de débrayage le 15 juillet prochain.
Un manque criard de personnel enseignant
Les deux universités fonctionnent dans des conditions pénibles. Derrière le grave déficit infrastructurel et l’effectif pléthorique estudiantin tapirent les conditions de vie exécrable des universitaires dont les salaires n’ont été quelque peu améliorés qu’en 2011, après plusieurs menaces de grève. Le niveau des salaires reste toutefois toujours éloigné de ceux du Bénin et du Burkina voire de la Côte d’Ivoire.
Reste que les syndicats enseignants poussent au recrutement. La situation n’a guère évolué depuis 2011, en dépit de quelques ajustements à Lomé et surtout de nombreux recrutements à Kara, construite au pied levé. Le ratio enseignant-effectif étudiant est toujours de 1 pour 100 étudiants alors que la norme UNESCO est de 1 enseignant pour 30. L’Université de Lomé compte plus de 518 enseignants pour un effectif étudiant estimé à 50.000.
Malgré quelques reports, la menace de grève est à prendre au sérieux, du fait de l’entente entre les deux syndicats rivaux sur ces questions corporatistes. La preuve : les problèmes portant sur les dysfonctionnements institutionnels actuels ne sont pas à l’ordre du jour. Les professeurs titulaires et responsables Dodji Kokoroko et Adama Kpodar sont pourtant lourdement sanctionnés par le Cames. Le Syndicat des enseignants du supérieur du Togo (SEST) est considéré comme opposé au régime en place tandis que le Syndicat national des enseignants du supérieur (SNES) est réputé proche du pouvoir.
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