Agbodrafo : Deux clans se tiraillent la désignation du chef canton

Depuis la disparition du chef traditionnel Aholou Sèdo Assiakoley V, le canton d’Agbodrafo est dans la régence. Sa succession est au point mort. Deux camps se livrent une bataille en tentant d’imposer son chef préféré. Depuis la semaine dernière, les positions se sont encore radicalisées.

C’est un message audio relayé sur le réseau whatsapp qui a fait resurgir les antagonismes autour de la succession d’Aholou Sèdo Assiakoley V. Dans le message avec photo à l’appui, il est demandé aux populations d’Agbodrafo et aux ressortissants de reconnaître le nouveau chef traditionnel. Le message appelle à lui apporter « soutien moral et psychologique ». Mais comme du berger à la bergère l’appel est vite rejeté par l’autre camp. Il exhorte à ne pas reconnaître celui qui est présenté sur les réseaux sociaux et dont le mode de désignation ne répond pas aux règles qui régissent la chefferie traditionnelle d’Agbodrafo.

« Depuis quelques heures, une image accompagnée d’un message vocal circule sur les réseaux sociaux, présentant un monsieur comme « futur roi » d’Agbodrafo assis au milieu du « régent » et Assafotsè. Agbodrafo ne dispose pas de régent depuis le décès du roi Assiakoley V, mais plutôt de 5 membres créés par arrêté ministériel », a réagi l’autre clan.  Dans une mise au point énumérée en quelques points, il rejette le « futur roi » et précise que «la désignation du roi à Agbodrafo n’est pas une affaire de toute la communauté, mais de la famille royale et en particulier, des descendants du 1er roi, John Mensah ». Aussi fait-il observer que « la famille attend depuis plus de 2 ans, le décret de reconnaissance du futur roi et chef canton d’Agbodrafo, désigné d’après les us et coutumes par le feu chef de la famille royale, Robert Dotè Mensah ».

Ainsi selon toujours ce camp, « le message qui fait le tour des réseaux sociaux n’est que l’imagination sordide d’un groupuscule dont les intentions ne sont qu’à semer la zizanie, à diviser la famille royale, ainsi que les fils et filles d’Agbodrafo, à troubler la quiétude qui règne dans le canton ». Pour cela, il lance un « vibrant appel à toute la population et aux ressortissants d’Agbodrafo, de prendre la vraie meure des choses, de ne pas se laisser distraire et d’attendre seulement le décret du vrai roi dont le dossier se trouve déjà au MATDCL (Ministère de l’Administration territoriale de la Décentralisation et des Collectivités Locales) ».

Depuis cette sortie, le camp qui tente d’imposer son chef, n’a pas encore réagi. Mais ces empoignades par réseau social annoncent une succession déjà entachée. Un phénomène qui a pignon sur rue au Togo. De loin, cela tire son origine dans l’histoire coloniale du pays.

Selon les historiens, les problèmes que rencontre la chefferie remontent à l’ère coloniale. Dans le souci de trouver un interlocuteur qui leur est favorable, les Allemands avaient leur chef traditionnel malléable au détriment des us et coutumes des communautés togolaises. Ce mode de désignation appelé « Yovofia », littéralement, le chef du blanc, a continué avec les colons français. Ainsi à côté du chef traditionnel reconnu par les populations,  existait « Yovofia ». Depuis l’indépendance du pays, les différents gouvernements qui se sont succédé se sont servis de cela pour asseoir leur idéologie, leur domination pour diviser les familles royales. C’est de ces pratiques dont s’inspire le gouvernement actuel et qui mettent à mal la cohésion dans les communautés.

EKLOU de Badj

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