Togo: la marche du PNP étouffée et réprimée dans plusieurs localités

Un mort, des dizaines de blessés au cours de la marche du 13 Avril (Image d'archives)

Le parti d’opposition PNP a invité les Togolais à sortir ce samedi en vue de protester contre le pouvoir et réclamer des changements. A part Sokodé au centre du pays, les manifestations ont été perturbées dans les autres villes où elles devrait être organisées.

Le bilan de la journée n’a rien de surprenant; à part la mort d’un manifestant à Bafilo. A Sokodé fief traditionnel du PNP, la marche s’est déroulée sans problème. A Afagnan dans le Moyen-Mono, la mobilisation n’était pas celle des grands jours. Le troisième site où la manifestation était autorisée est Togblekope, dans la banlieue nord de Lomé, cela s’est transformé en joutes entre manifestants et forces de l’ordre. Jets de pierre et gaz lacrymogènes n’ont pas permis à la marche de se tenir.

Partout on a signalé une force présence des forces de sécurité. Tout a été mis en oeuvre pour empêcher la “marche pacifique”.

La répression était prévisible: le PNP avait décidé de maintenir le mot d’ordre dans les 10 villes où il projetait d’organiser les manifestations; en dépit de l’avis défavorable des autorités. Le Ministre de l’administration territorial a prétexté qu’il n’y aurait pas assez d’agent pour assurer la sécurité de toutes ces manifestations. Selon les responsables du PNP cet argument était fallacieux et irrecevable.

Le PNP en mode défiance

On l’a compris: les manifestations organisées le 13 Avril devraient servir de démonstration de force pour le PNP. Le parti de Tikpi Atchadam en prenant seul l’initiative d’organiser ces marches voulait prouver sa puissance après la casse de la C14. Le parti comptait sur son vivier de militants et sympathisants dans les villes ciblées pour faire la différence. Si les populations parvenaient à marcher normalement, le PNP aurait non seulement prouver qu’il est un grand parti mais aussi il aurait confirmé sa position actuelle de radicalisme face au pouvoir UNIR. En effet ce parti est contre tout processus électoral si les réformes exigées n’ont pas abouti.

Le PNP défiait aussi le pouvoir en maintenant ses manifestations. C’était de bonne guerre, aux yeux de certains, puisque ce parti à l’origine de fronde contre le régime depuis le 19 Août 2017, savait que le gouvernement allait tenter par tous les moyens de saboter les marches.

Incursion militaire chez Atchadam

Dans un communiqué rendu public dans la soirée du samedi, Dr Sama, Secrétaire Général du PNP a condamné l’attitude des autorités. Outre la confirmation de la mort d’un militant à Bafilo, il a évoqué l’arrestation par des militaires de trois personnes au domicile de Tikpi Atchadam à Agoe-Nyivé. Le lieu, à en croire d’autres sources proches du parti aurait été fouillé de fond en comble. Les agents seraient-ils à la recherche du leader du parti? Difficile de le savoir. Mais on signale qu’ils seraient parti avec plusieurs téléphones portables.

Il est probable que Atchadam, (que les responsables du parti estiment qu’il n’est pas en exil mais bien présent dans le pays), soit la personne recherchée lors de cette incursion. Si les téléphones emportés sont ceux du président du PNP, on peut dire que c’est une grosse prise pour les sécurocrates du régime.

Le 13 Avril n’a pas été ce que les militants du PNP prédisaient. Mais en réussissant une fois encore à provoquer le régime, ce parti peut continuer à prétendre de détenir la solution pour mettre fin à la dictature.

Le Temps


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