De plus en plus on évoque la possibilité d’une participation de l’opposition aux élections à venir au Togo. Alors que les élections locales sont supposées se tenir dans moins de 3 mois, la présidentielle de 2020 suscite également de l’intérêt. Mais par où commencer pour ne pas subir la loi d’un pouvoir qui ne cache pas son intention à s’incruster?
Le boycott forcé des élections législatives du 20 décembre 2018 a eu pour conséquence de sortir les partis d’opposition du jeu politique institutionnel. Seuls les représentants du régime UNIR et leurs alliés de petits partis politiques vont imprimer leur marque aux réformes politiques attendues dans le pays. La CEDEAO a annoncé son retrait du dialogue intertogolais et le gouvernement n’a pas l’intention d’organiser de débat autour desdites réformes. Du coup, on est obligés de faire de la mauvaise fortune bon cœur et s’organiser pour se repositionner. Au niveau de la Coalition des 14 partis d’opposition (C14), le conclave prévu préalablement le 12 février a été reporté d’une semaine. Le coup de boutoir asséné par le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) en est pour quelque chose.
Donner une nouvelle orientation à la lutte
Il suffit de lire les prises de positions et les débats sur les réseaux sociaux pour se rendre du profond amertume qui caractérise les acteurs de l’opposition togolaise. Même si du côté des meneurs de la C14 on donne l’impression de garder la tête haute, les signes montrent que plus rien ne va au sein des forces favorables à l’alternance à la tête du Togo. Quelques options avaient été clamées par les leaders, à savoir la mise en place d’une vaste organisation sous forme d’un mouvement citoyen pour “porter la lutte du peuple”, ou la remobilisation des forces d’opposition et de la société civile pour “faire front” et affronter plus efficacement le pouvoir en place. Ces belles intentions sont pourtant loin de la réalité: l’opposition dans on ensemble est plus divisée que jamais. Les activistes les plus connus n’hésitent plus à tirer à boulets rouge sur les “opposants sans stratégie”, alors que les acteurs clés de la diaspora semble avoir pris du recul.
L’enjeu n’est pas seulement de prendre part aux élections annoncées. Il est question également et surtout d’exister face au pouvoir qui s’est régénéré après les législatives et “peser sur les réformes politiques”. D’ailleurs une partie de l’opposition ne veut pas entendre parler d’élections, tant que les “principales revendications du peuple” n’auront pas abouti.
Rénover ou tergiverser?
Il n’est pas évident que les concertations qui sont programmées réussiront à éclairer le jeu des actions que l’opposition politique va mener les prochains mois, en perspective du changement. Les voix les plus audibles parmi les activistes – mais aussi les plus décriées par les militants des partis politiques – appellent à un renouvellement de la classe politique. Pour ces gens, il faut que les personnes qui ont incarné et porter la lutte jusqu’à présent cèdent la place à d’autres. L’appel en dépit de son apparente pertinence ne risque pas d’être entendu, surtout que jusqu’à présent, on ne voit sur la scène aucune organisation ou personnalité qui émergerait avec l’intention de se poser en alternative. Les supputations ont commencé sur des personnalités qui pourraient se porter candidats pour le compte de l’opposition.
La présidentielle de 2020 est le scrutin qui focalise plus l’attention des observateurs. Il serait suicidaire pour l’opposition de ne pas y participer, mais il en serait autant si elle y va en rangs dispersés. Aussi la réorganisation des forces dont on parle devrait-elle se doubler de la recherche d’une solution susceptible d’assurer le positionner des hommes et des femmes qui veulent prendre en main les destinées du peuple togolais. Le conclave de la C14 s’il se tient comme annoncé ne serait dès lors que la première étape d’un long processus. Le niveau d’ouverture de ce regroupement n’est pas encore acquis, mais il n’est pas exclu que d’autres initiatives soient prises les prochaines semaines en vue d’élargir les réflexions et nouer des alliances pour les élections: locales et présidentielle.
En plus de la réorganisation urgente des forces d’opposition, la recherche des moyens pour faire face au système Gnassingbé est la priorité dont l’aboutissement rapide serait le signe d’une possible alternance l’année prochaine au Togo.
K. Agboglati
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