A l’orée du vote de la réforme constitutionnelle, des chauffeurs de taxi-motos ont envahi Kanal FM pour appeler les députés à voter favorablement.
Les chauffeurs de taxi-motos communément appelés zémidjan sont entrés cette après-midi 23 mai dans les studios de radio Kanal FM, pour lancer un appel aux députés à voter intégralement la proposition de loi portant réforme constitutionnelle. Laquelle proposition de texte est soumis par le groupe d’opposition ANC.
“Si c’est nous qui les avons réellement élus, ils doivent voter sans ôter une virgule la proposition de loi constitutionnelle qui leur est proposée“, a déclaré un chauffeur de taxi-moto sur Kanal FM, l’une des radios les plus écoutées.
“Nous venons de sortir d’une réunion et avons longuement réfléchir sur la situation sociopolitique de notre pays. Nous, les zémidjans du Togo, demandons aux politiques de faire bien les choses“, ajoute le même chauffeur de taxi-moto avant de lancer une menace intraduisible aux députés.
L’immixtion des zemidjans dans les locaux de Kanal FM intervient dans un contexte de tensions autour du vote de la proposition de loi portant réforme constitutionnelle. La proposition du groupe ANC demande la limitation à deux du nombre du mandat présidentiel et un mode de scrutin uninominal à deux tours.
La réforme a échoué à deux reprises à cause, d’un côté, de la volonté de l’opposition d’empêcher Faure Gnassingbé, déjà deux mandats à son passif et un troisième en cours, de postuler à deux autres mandats.
Le débat déjà hors de l’Assemblée nationale
Puis, le camp présidentiel, apparemment dénué de candidats potentiels, ne veut pas entendre parler d’un article handicapant Faure Gnassingbé d’un énième mandat. L’actuel mandat prend fin en 2020. Fort de sa majorité écrasante à l’Assemblée nationale, 52 députés sur 91, le parti UNIR au pouvoir peut faire échouer la proposition de loi.
En outre, Faure Gnassingbé, par l’intermédiaire du HCRRUN prépare, avec l’aide d’un comité d’experts, une autre constitution “plus adaptée” à nos réalités. Comme si la démocratie n’a pas un caractère universel.
Il y a donc un probable échec, qui peut générer des tensions violentes dont le Togo est coutumier. Le débat manquera de sérénité à l’Assemblée nationale puisqu’il est déjà dans la rue.
Le verrouillage constitutionnel né de l’absence de réformes est aussi responsable du blocage de la situation politique exacerbant les tensions dans les différentes couches de la société. Devant une classe politique sclérosée et une opposition émasculée par ses propres turpitudes, la société civile est à cran.
La Conférence des évêques a publié un message au vitriol vilipendant les dirigeants et l’absence de réformes, un témoignage de la colère et la déception des prélats. De même la société civile lance des appels itératifs pour ces réformes institutionnelles et constitutionnelles. La pression est si forte que dans un pays habitué à des flambées de révolte inattendues, la cocote-minute pourrait exploser.
La prochaine fois, le feu?
Phénomène né de la paupérisation et du chômage des jeunes, les taxi-motos constituent une couche sociale importante sur le plan politique. En majorité semi-analphabète, et gagnant en moyenne 80.000 CFA par mois, c’est la couche sociale la plus révoltée.
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