Gilchrist Olympio: « Il faut oublier les réformes ! »

Dans une interview à Jeune Afrique, le président national de l’UFC, Gilchrist Olympio reconnaît implicitement que le pouvoir ne fera pas les réformes.

La dernière saillie du vieux. La vérité sort de la bouche des vieillards. Et ce n’est pas Gilchrist Olympio, 81 ans, qui le démentira!  Accroché aux basques de Faure Gnassingbé à l’issue d’un accord RPT-UFC en 2010, censé amener les réformes à la faveur d’un gouvernement bipartisan, Gilchrist Olympio fait un bilan de son alliance contre nature.

Au détour d’une phrase, il reconnaît son échec et révèle implicitement que les réformes attendues ne seront pas faites par le pouvoir en place. C’est un aveu, et une certaine lucidité.

« Il n’est pas judicieux de se cantonner aux réformes, car celles-ci ne garantissent en rien la victoire. C’est surtout l’unité de l’opposition peut aboutir a l’alternance. […] Mais elle est divisée. Il y a trop de chefs. Je me demande d’ailleurs s’il ne serait pas préférable d’instaurer des primaires pour que les uns et les autres confrontent leurs idées et leurs programmes » déclare le vieillard dans le JA N°2937 du 23 au 29 avril 2017.

En réalité, Gilchrist Olympio, qui copine avec Faure Gnassingbé, et connait ses intentions, s’adresse de but en blanc à ses ex-amis de l’opposition-le CAP 2015 et le groupe des six. Il est vain de réclamer les réformes, Faure Gnassingbé ne les fera jamais et, pire,  sera possiblement candidat à la présidentielle en 2020.

Et la certitude de Gilchrist Olympio quant à l’impossibilité des réformes est renforcée par sa proposition d’organiser des primaires dans le camp de l’opposition. Les réformes devraient permettre un mode de scrutin uninominal à deux tours à la présidentielle. Si elles devraient avoir lieu à quoi bon organiser les primaires ?

La primaire ? Une idée de derrière les fagots, apparemment. Elle permettrait de réduire la multiplicité des candidatures. « Il y a trop de chefs », dit Gilchrist Olympio. Pour rappel, le président de l’UFC a toujours en  horreur le « caractère anarchique des Ewés » supposé et leur méconnaissance de la hiérarchie et de toute notion de verticalité.

Une primaire étêterait quelques chefaillons et assurerait l’émergence d’un leader oint par les urnes et derrière lequel s’alignerait toute l’opposition.

Candidature unique de l’opposition ? Une arlésienne

Grosso modo, le vieillard se croit assagi avec le temps, revient avec l’idée d’une candidature unique, imparable moyen pour battre le candidat du régime lors d’une élection à un seul tour. Une arlésienne. Un vrai serpent de mer.

En réalité, l’idée de Gilchrist Olympio n’est pas aussi simple même si elle frappe au coin du bon sens. Tout d’abord, le modus operandi de l’organisation de ces primaires, et l’organisation des partis politiques au Togo reste encore une curiosité.

Ensuite, la primaire aux Etats-Unis et en France, a abouti à la désignation des canards boiteux, dont les handicaps peuvent plomber toute une élection.

Enfin, la question des moyens financiers. L’échec de l’opposition tient aussi à l’insuffisance des moyens. S’il est vrai que peine d’argent n’est pas insurmontable, force est de reconnaître que l’opposition n’est pas arrivée à  l’éliminer. L’exemple du Bénin est la preuve que l’argent est le nerf de la guerre.

En dernière analyse, Gilchrist Olympio oublie un point crucial. La lutte a échoué depuis les années 1990 à cause du manque de vision de l’opposition et de l’absence d’un programme. N’avoir dans le viseur que le remplacement des Gnassingbé ne suffit pas pour faire constituer une alternance crédible. Le Togo est un pays dévoré par une dictature clanique et tribale reposant sur  une armée  adossée elle-même à une mafia internationale. La pieuvre financière internationale.

Pour implémenter l’alternance, ne faudrait-il pas de réinitialiser la lutte par l’invention d’un projet de société global, d’un vivre ensemble qui passe par la suppression de l’inique société actuelle ?

 


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A propos Komi Dovlovi 1148 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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