Deux groupes de l’opposition se sont réunis hier en vue d’une synergie d’actions pour exiger les réformes constitutionnelles et institutionnelles.
Et ça repart comme en 40 ! Les partis du CAP 2015 et le groupe des six partis se sont réunis en vue d’une une coalition pour exiger les réformes constitutionnelle et institutionnelle.
«Il s’agit donc de créer un cadre qui va permettre à toute la classe politique du pays de retrouver pour mener des actions solidaires pour aboutir à ces réformes et à la décentralisation au Togo», résume M. Tchassona Traoré, président du Mouvement citoyen pour la démocratie (MCD).
A priori, les deux groupes ont des intérêts communs et une même communauté de vues quant aux réformes à appliquer : l’abolition d’un pouvoir cinquantenaire, et la mise en place d’un régime politique démocratique qui consacre le partage du pouvoir, l’indépendance des institutions. Et une opposition à la conduite unilatérale des réformes par UNIR, le parti au pouvoir, à travers une commission d’experts à sa guise.
Les réformes en dix points
Les deux parties déclinent les revendications en dix points :
- Un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une (1) fois.
- Sur la décentralisation : une communalisation intégrale doit être appliquée, avec intégration des communes dans une préfecture, elle-même inscrite dans une région ;
- Un même mode de scrutin uninominal à deux tours au suffrage universel direct aux élections présidentielle et législatives ;
- Un découpage électoral plus équitable ;
- Un contrôle plus strict des comptes de campagne et des mesures répressives.
- Un mode de désignation des membres des institutions basé plutôt sur des critères de compétence et de probité morale, des écoutes, leurs auditions par l’Assemblée nationale.
Ces différents points constituent le minimum syndical…tant qu’on ne parle pas de constitution de listes ou de candidatures communes pour les élections prochaines. Le plus facile sera donc la formation de cette coalition si les ego, les ambitions personnelles et partisanes sont tempérés.
Le plus difficile reste tout de même d’atteindre les objectifs dont le mode d’opération imaginable sera de mettre à contribution les populations. Dans un régime despotique, il n’y a pas une autre méthode pacifique. Par contre, les manifestations de rue ont connu deux échecs retentissants en 2013, à l’orée des élections législatives, et en 2014 à l’approche de la présidentielle 2015.
En 2015, les manifestations ont d’ailleurs tourné à la pantalonnade, l’opposition étant divisée sur l’opportunité ou non des réformes avant la présidentielle. Les uns étaient résolus à participer à tout prix à la présidentielle malgré les conditions épouvantables, et les autres, ultra-minoritaires, partisans du boycott. Résultat : une abstention record qui frôle les 50%.
Difficultés en perspective
Si la mobilisation a été d’une réussite incontestable en 2013, elle était résiduelle en 2015. Une union de l’opposition avec un objectif minimal peut-elle inciter de nouveau la rue à en découdre avec le pouvoir ?
La rue a perdu son affect pour l’opposition devenue d’ailleurs quasi atone. Elle semble même avoir une prévention contre de telles manifestations contre le pouvoir comme on l’a observé en 2014-2015, avec de faibles mobilisations.
C’est dans ce contexte que le pouvoir prépare en toute tranquillité les élections locales prévues pour fin 2017, où l’on note déjà sa présence sur le terrain par des projets gouvernementaux dont la rentabilité reste à démontrer mais le caractère clientéliste avéré.
En réalité, le plus dur pour l’opposition est de convaincre les Togolais à se mobiliser pour mettre en échec les initiatives de Faure Gnassingbé d’étendre sa mainmise sur la totalité du pouvoir à la fois sur le plan national et local, et de s’offrir un boulevard pour un quatrième mandat en 2020.
Le CAP 2015 est constitué de: ANC, CDPA, PSR, UDS-Togo, DSA tandis que le Groupe des six rassemble le Parti des Togolais, le MCD, l’ADDI, les FDR, Togo Autrement, Les Démocrates.
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