Haac: On parle de l’affaire LCF et City FM au gouvernement

La Secrétaire d’Etat chargé des relations avec les institutions et le président de la Haac ont parlé hier de l’affaire LCF et City FM.

Dans un communiqué (Communiqué de presse relatif à la visite de la Secrétaire d’Etat chargé des Droits de l’Homme) numérique sans en-tête de la Haac, le président de l’institution, M. Pitang Tchalla, évoque la visite de la Secrétaire d’Etat, Mme Nakpa Polo.

Les discussions ont porté sur le retrait des fréquences de LCF (La Châine du futur)  et radio City FM, les organes de Sud Média.

Selon, le communiqué, un laconique du genre et patchwork de langue de coton et langue de bois, «M. Pitang TCHALLA a montré à la Secrétaire d’Etat, les preuves que les discussions ont été menées plusieurs fois en plénière sur le cas LCF et City Fm en présence de tous les membres ».

Ce qui voudrait sous-entendre que la décision de retrait des fréquences a été prise en plénière mais en langue française, « discussions » n’est pas synonyme de « décision ».

La rencontre entre Mme Nakpa Polo et le président de la Haac se serait déroulée en présence de deux rapporteurs, d’après le communiqué.

La visite de la Secrétaire d’Etat chargée auprès du ministre de la justice, intervient au moment où des rumeurs circulent au sein de l’opinion quant au propriétaire véritable de LCF et City FM.  Une personnalité haut placée de l’Etat du Togo en serait le véritable propriétaire. D’où les conclusions quelque peu hâtives, que le déplacement de la Secrétaire d’Etat est une manoeuvre de diversion pour faire accroire que le président de la Haac n’est pas une marionnette dans l’affaire.

Manque de sérieux de la Haac

Le communiqué sous format word n’a pas été rendu public sur un papier à en-tête de la Haac, et ne porte même pas la signature de son président. Ceci illustre soit le dénuement technique et matériel dans lequel croupit cette institution constitutionnelle (elle n’a même pas de site internet), mais surtout le manque de sérieux de l’administration Pitang Tchalla.

Ce communiqué (est-ce le vrai ?) intervient dans un contexte de polémiques qui émaille la vie de l’institution depuis le déclenchement de l’affaire LCF et City FM.

Dans une lettre à la Cour suprême, Zeus Aziadouvo, membre de la Haac en charge de la presse écrite,  soutient que l’affaire a été discutée deux fois en plénière mais aucune décision n’a été prise concernant un retrait des fréquences, contrairement aux affirmations de Pitang Tchalla.

Des journaux proches du pouvoir ont publié un document, une espèce de Procès-verbal qui prend le contrepied  des déclarations de Zeus Komi AZIADOUVO.

Des publications auxquelles, Zeus Komi Aziadouvo, coutumier des écuries du théâtre médiatique national, a apporté un démenti.

Depuis lundi certains journaux publient un PV de la plénière du 18 janvier 2017 pour défendre leur bienfaiteur de la HAAC. Ce même PV est relayé sur les réseaux sociaux où des gens m’accusent de mauvaise foi où des savants en us déploient leurs démonstrations. Ceux qui ont élaboré ce PV tronqué pour semer le flou, je les laisse avec leur conscience. La vérité va jaillir le moment venu, écrit Zeus Komi Aziadouvo.

Dans sa lettre, Zeus Aziadouvo, le seul membre de la Haac à avoir protesté, déclare en substance ceci:

  • Aucune décision concernant le dossier Sud Média n’a été prise en plénière.
  • Dans le PV « tronqué » qu’ils [certains membres de la Haac, ndrl] ont publié, il a été fait mention d’une décision que l’on « prendra dans 15 jours ». Mais quinze jours après, aucune décision n’a été prise.
  • La seule instance de décision de la Haac est la plénière, mais aucune décision n’a été prise en plénière.
  • Dans l’exploit d’hussier envoyé à Sud Média, Pitang Tchalla dit avoir délibéré. Mais selon le règlement, les membres signes arès délibération. Aucun membre n’a signé, ce qui suppose que cette délibération n’a jamais eu lieu.

Affaire politique ou affaire judiciaire ?

L’affaire LCF et City FM se complique de jour en jour, quittant le terrain du droit pour rentrer dans la mare politique caractéristique des togolaiseries.

Alors que Sud Média affirme avoir déposé  un recours devant la Cour suprême pour abus d’autorité, il semble que l’on soit de moins en moins dans la perspective d’une issue judiciaire à l’affaire. En matière civile, il y a un axiome qui dispose tout de même que le recours devant une autorité judiciaire suspend l’exécution d’une sanction.

Cependant, LCF et City FM n’ont toujours pas repris leurs activités alors que l’administrateur Luc Abaki a déclaré au Temps qu’il a déposé un recours devant la Cour suprême. Ce 17 février éclata une polémique à propos de la réticence des employés à rejoindre la marche organisée par la société civile pour protester contre le retrait des fréquences.

Malgré une mise point de Luc Abaki, les gens ont le sentiment que Sud Media préfère négocier avec le pouvoir que de se résoudre à la voie judiciaire.

Dans ses interventions sur Facebook en réponse à des sorties de journalistes proches du pouvoir qui affirment que LCF et City FM n’auraient aucune base d’existence légale, Luc Abaki affirme pourtant faire confiance à la justice.

Il allègue souvent des articles 57 et 62 de la loi organique de la Haac disposant  que l’institution « peut ester en justice » quand un média n’est pas en conformité avec le respect des cahiers de charge. Des articles qui enlèvent toute autorité à la Haac de retirer une fréquence et confirme l’abus de pouvoir du président de la Haac.

Néanmoins d’autres sons de cloche arrivent et viennent enfler une rumeur aussi folle que vraisemblable: LCF et City n’auraient pas vraiment d’existence légale car n’ayant répondu à aucun appel d’offres réglementaire en 2007.

Zeina Bodjona, femme de l’ex-ministre Pascal Bodjona tombé en disgrâce, aurait installé Sud Média grâce à l’influence de son mari. Ce dernier, Directeur de cabinet du président de la République à l’époque, aurait fait pression pour installer Sud Média sans respecter les prérequis.

C’est donc une régularisation post-installation que refuserait aujourd’hui Pitang Tchalla. Soit. Mais un autre article de la loi organique dit qu’un média ayant exercé sans autorisation pendant plus de trois ans ne peut plus être interdit.

Alors, à quand la régularisation de LCF et City FM?  L’affaire, en tout cas,  envenime l’état de l’opinion. Sur les réseaux sociaux, le régime est voué aux gémonies. A Lomé, la société civile a organisé trois jours marches de protestation.


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A propos Komi Dovlovi 1148 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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