Ethiope : Plus de 2500 personnes arrêtées depuis l’instauration de l’Etat d’urgence

L’Ethiopie entre dans une spirale de la violence et de la répression depuis l’instauration de l’état d’urgence le 9 octobre dernier suite aux manifestations violemment réprimées des populations Oromo et Amhara, les principales ethnies du pays.

Les autorités éthiopiennes ont procédé à l’arrestation de plus de 2 500 personnes depuis l’instauration de l’état d’urgence à la suite de la flambée de violences de ces dernières semaines.

Censure tous azimuts

Mille interpellations ont eu lieu à Sebeta, une banlieue d’Addis-Abeba où des entreprises étrangères avaient été prises pour cibles, 1 500 arrestations de plus dans différentes localités de la région Oromo où le poste de commande assure qu’un grand nombre de « bandits » se sont rendus et que des milliers d’armes ont été saisies.

Une cinquantaine d’arrestations ont eu lieu également en région Amhara, l’autre foyer de contestation dans le nord du pays où la police a visé des commerçants « pour déni de service » parce qu’ils refusaient d’ouvrir leurs boutiques et des enseignants qui ont appelé à la grève. Autant d’actions illégales par l’état d’urgence.

Les autorités ont durci l’Etat d’urgence par des mesures de censure à l’égard des médias. Ains les mesures prises par le gouvernement rendent également illégal de consulter ou de diffuser sur les réseaux sociaux les informations données par deux médias d’opposition établis aux Etats-Unis, Ethiopian Satellite Radio and Television (ESAT), et Oromo Media Network (OMN). L’Internet mobile est par ailleurs coupé depuis près de trois semaines dans la majeure partie du pays, y compris à Addis-Abeba.

Les partis politiques se voient également interdits de « faire des déclarations à la presse pouvant inciter à la violence ».

Majorité opprimée par la minorité

L’Ethiopie est entré dans une spirale de la violence depuis que le gouvernement fédéral a décidé de réprimer violemment toute manifestation pacifique venant de la part des populations Oromo et Amhara qui se plaignent de discriminations au profit de la minorité tigréenne, détentrice de la réalité du pouvoir à Addis-Abeba.

Les opposants dénoncent la domination sans partage de la coalition au pouvoir depuis vingt-cinq ans et ce qu’ils estiment être une surreprésentation de la minorité des Tigréens aux postes clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité.

Même si le pays a retrouvé une certaine sérénité depuis quelques semaines suite à l’Etat d’urgence, ce qui explique son efficacité, force est de reconnaître que l’Ethiopie entre dans une certaine instabilité alors qu’elle connaît une croissance économique record. Cette instabilité politique croissante, cause de déficit de démocratie, pourrait conduire au départ des investisseurs, et plomber également le tourisme.

Graves répercussions sur l’économie

L’un des deux seuls pays non colonisés d’Afrique, l’Ethiopie a une histoire millénaire très riche faite de rencontre avec le judaisme et le christianisme. Peuple de plus de 93 millions d’habitants, c’est la plus forte population d’Afrique après le Nigeria.

Revenu à la stabilité en 1990 suite à la victoire contre la dictature du colonel Mengistu Hailé Mariam, le pays est entré dans une relative stabilité avec la création d’un Etat fédéral, et l’instauration d’un Etat moderne sous la houlette du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE). Militairement puissant, l’Ethiopie intervient régulièrement en Somalie pour repousser les islamistes Chebab et Al Qaida.


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A propos Komi Dovlovi 1103 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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