Togo: Les dépenses militaires toujours à la hausse

En douze ans, soit de 2001 à 2012, le Togo a dépensé plus de 315 millions de dollars (plus de 157 milliards CFA) en achats d’équipements militaires, selon le site militarybudget.org. C’est notre confère togoonline.com qui révèle l’information. Cette statistique ne tient pas compte des chiffres non disponibles des années 2001, 2002, 2006, 2007 et 2012. Ce qui pourrait laisser à penser que les dépenses pourraient faire plus du double (600 millions). Les dépenses chaque année font 1,5 à 1,9% voire 2% du produit intérieur brut estimé à 7,024 milliards $US.

Armée budgétivoire 

L’armée togolaise est budgétivore et coûte trop au budget si l’on fait une comparaison avec ses voisins immédiats. Le Ghana par exemple, plus riche, avec un produit intérieur brut estimé à plus de 83,74 milliards de dollards US, soit plus de 12 fois celui du Togo, enregistre des dépenses militaires sur la période indiquée à 1,167,200,000 $US, soit une moyenne annuelle de 0,3 à 0,5% du PIB.

Sur la même période, le Burkina Faso, également plus riche que le Togo, a dépensé environ 1,224,200,000 dollards , mais avec un PIB estimé 24,69 milliards dollars US, soit trois fois le PIB du Togo. En pourcentage, les dépenses militaires burkinabé s’élèvent chaque année à 1,5% du PIB.

Le Nigéria, géant d’Afrique et l’une des cinq premières puissances du continent, a des dépenses militaires qui varient de 0,6 à 1% du PIB.

Un problème francophone

Un survol des statisques démontrent que les dépenses militaires  des armées des pays francophones d’Afrique sont plus élevées que celles en pourcentage du PIB que celles des pays anglophones. Et la France reste le principal fournisseur des armées de ses ex-colonies. L’armée togolaise suit donc cette tendance. La France est classée cette année deuxième plus pays fournisseur d’armes au monde, derrière les Etats-Unis et devant la Russie.

Les dépenses militaires au Togo ont été toujours élevées depuis l’arrivée des militaires au pouvoir. La seule parenthèse où les dépenses militaires étaient très faibles voire nulles est la présidence Sylvanus Olympio 1960-1963.

Les dépenses ont explosé sous Faure Gnassingbé. Depuis 2008 elle passe 45 millions de dollars à 61 milions. Faure Gnassingbé n’a jamais arrêté de se réarmer malgré l’absence d’une menace crédible. Le terrorisme islamiste au Nigeria nécessite le renforcement des moyens policiers de contrôle et de surveillance non d’achats d’équipements militaires.

Le budjet de l’armée reste totalement inconnue jusqu’à présent en dépit des efforts des députés de l’opposition pour savoir combien coûte l’armée  togolaise au budget de l’Etat. Selon certains analystes, la part de l’armée reste un poste important dans le budget.

Le constat est fait qu’elle est non seulement budgétivore mais le niveau des dépenses, l’effectif de l’armée estimé à plus de 17.000 hommes dans un ratio de 1 militaire pour 700 habitants, soit trois fois plus que la mouyenne continentale, illustre le caractère essentiellement militaire du régime.

Sur une superficie de 56.600 Km2, avec un pays en forme de tuyau, long de 600 kms sur 50 kms à vol d’oiseau, la concentration militaire a pour objectif non avoué non de défense du territoire contre un ennemi extérieur inexistant, mais de répression des aspirations démocratiques des populations, donc de maintien du pouvoir en place.

Dictature militaire 

La nature des dépenses militaires explique également l’emprise des militaires sur le régime et leur présence à des postes civils.

En 2005, l’armée togolaise est impliquée dans une répression sauvage des manifestations pacifiques de l’opposition avant, pendant, après la présidentielle d’avril 2005 qui ont fait plus de 400 à 500 morts selon le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme et 1000 selon ma Ligue togolaise des droits de l’homme (LTDH).

Sous pression de l’Union Européenne, le Gouvernement une réforme de l’armée est annoncée pour transformer une armée batie sur des critères ethniques. Depuis 2007, il n’y a pas eu de changement véritable. Les recrutements se font toujours selon des critères ethniques non avoués, l’armée est toujours à la solde du pouvoir et n’hésite pas à intervenir dans la vie politique, comme par exemple lors de la présidentielle d’avril 2015 où elle a déployé des armes lourdes dans les coins névralgiques de la capitale.

Le règlement de la question de l’armée togolaise reste toujours d’actualité et est primordiale pour une résolution de la crise togolaise. Ayant déserté la conférence nationale en 1991, l’armée togolaise a pris fait et cause pour le pouvoir des Gnassingbé. Elle est intervenue en 2005 à travers un putsch pour « remettre le pouvoir » à Faure Gnassingbé et n’a eu cesse de le soutenir.


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A propos Komi Dovlovi 1102 Articles
Journaliste chroniqueur, Komi Dovlovi collabore au journal Le Temps depuis sa création en 1999. Il s'occupe de politique et d'actualité africaine. Son travail est axé sur la recherche et l'analyse, en conjonction avec les grands  développements au Togo et sur le continent.

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