Le chef de la diplomatie togolaise Robert Dussey est accusé de plagiat par un de ses collègues universitaires du Gabon. Le Cames, l’institution qui valide les cursus de grades universitaires dans les pays francophones a entamé les démarches de poursuite contre plagiaire. Le faux professeur risque de perdre son poste d’enseignant à l’Université de Lomé mais certainement pas son poste de ministre.
Le ministre des Affaires étrangères du Togo, le Professeur Robert Dussey, se retrouve dans de beaux draps, rattrapé par un passé presque parfait où son cursus universitaire apparemment correct serait entaché d’irrégularités qui lui vaudront un procès.
Sa thèse de philosophie est «truffée de copie malhonnête d’une tierce personne», en l’occurrence un de ses amis Gabonais, rappelle le Conseil africain et malgache pour l’enseignement (CAMES), une institution des pays d’Afrique francophone pour l’enseignement supérieur.
Le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) dans un rapport daté du 18 juillet 2016 mandate le CST d’étudier la plainte du Professeur Pierre NZINZI de l’Université Omar Bongo contre Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine du Togo. Le CAMES est l’organe qui organise et homologue les diplômes dans l’enseignement supérieur dont le Togo est membre. Et c’est la commission spécialisée du CAMES qui vient de confirmer l’enroulement de la plainte contre le travail de thèse du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration régionale qui est truffée de copie malhonnête d’une tierce personne, selon une dépêche.
A en croire le CAMES, il n’y a aucun doute sur le plagiat, le Professeur Robert Dussey ayant littéralement copié l’œuvre que son ami lui aurait soumise.
Excellent diplomate
Il s’agit d’un cinglant camouflet pour le jeune très fringant ministre. Le professeur Robert Dussey paraissait intouchable malgré sa présence à la tête de la diplomatie togolaise, signe d’une assurance fulgurante de cet ancien séminariste. Polyglotte (allemand et anglais), ce diplomate de carrière jouissait d’une certaine bienveillance au sein de l’opinion et de la presse, même si cette dernière l’a égratigné il y a deux ans pour une mineure affaire de mœurs.
Passé par le séminaire Saint-Paul de Bangui, études théologiques en poche, Robert Dussey a un certain entregent et jouit d’une certaine influence pour ne pas dire de réseaux catholiques qui lui ont permis de sortir le Togo de Faure Gnassingbé de l’isolement après son arrivée sanglante au pouvoir en 2005. Ancien conseiller politique du chef de l’Etat togolais, il est l’artisan du rapprochement entre le régime et l’ex opposant historique Gilchrist Olympio à travers l’intermédiation de la communauté catholique de San’t Egidio. Avant cette prouesse, il avait par le passé réussit à arracher du général Etienne Eyadema, le passeport de Gilchrist Olympio. Ce dernier se prétendant opposant numéro un vivait à l’étranger avec un passeport ghanéen. Il est également à l’oeuvre du réchauffement diplomatique entre l’Allemagne et le Togo. L’incendie du Goethe Institut en 2005 par des éléments proches de Faure Gnassingbé, avait exacerbé les tensions entre la République fédérale et le pouvoir togolais.
C’est donc tout naturellement qu’il prit la tête de la diplomatie togolaise. A son actif une politique de rapprochement, quoique brouillonne, entre les Togolais de l’étranger et le régime, d’où la mesure symbolique d’exemption de visa des binationaux.
Sa réussite l’a poussé à une certaine ivresse au point d’avoir le melon gros comme le monde: L’ambition affichée de ramener le Togo sur la scène diplomatique, et faire de Lomé une place des conférences internationale comme par le passé. Ces dernières années, il multiplia les ambassades un peu partout dans le monde, fit entrer le Togo dans une coalition antiterroriste menée par l’Arabie Saoudite, et poussa le pays dans l’organisation onéreuse d’une conférence sur la sécurité maritime.
Raillé sur les réseaux sociaux
Figure intellectuelle d’un gouvernement peu réputé pour sa matière grise, l’affaire de plagiat risque de le déconsidérer aux yeux de l’opinion. Il suscite déjà les railleries sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, où on le taxe de paresseux.
Figurez vous qu’il s’est trouvé chez nous des esprits subtils pour se réjouir de cette affaire. Ils n’ont pas de cœur ces gens-là. Comment peut-on ne pas comprendre notre valeureux ministre des Affaires étrangères, Monsieur Robert Dussey que Dieu l’assiste, qui a pris tout son temps en galopant un peu partout pour expliquer à l’Occident hébété ce qui se passait chez nous, et ce dans toutes les langues ? Quel temps libre aura-t-il pour rédiger lui même un document de 200 pages ? Il faut vraiment être un ingrat pour se moquer de cet homme infatigable qui a consacré tout son temps en expliquant à des interlocuteurs que la presse, par exemple, au Togo était libre mais qu’on allait quand même la libérer. Cet homme qui a dû aussi leur expliquer que le Togo est en marche mais qu’il a besoin d’eux pour le faire courir. Quel temps aura-t-il pour rédiger un document ? S’il vous plait, Divine souhaite vous appeler à un minimum de compassion pour cet homme qui n’a pas un boulot facile, raille un internaute.
En reprenant le titre d’un ouvrage du ministre (ouvrage pour lequel j’espère qu’il ne sera pas poursuivi pour plagiat) ; je dirai : l’Afrique est malade de ses plagieurs, se moque un autre internaute.
Le ministre scribouillard
Cette affaire rappelle étrangement les talents d’écrivain du Professeur Robert Dussey. Auteur de plusieurs ouvrages et articles publiés dans des revues scientifiques, l’universitaire-ministre s’est signalé par la parution d’un essai, l’Afrique malade de ses dirigeants. Malgré son titre ronflant, il s’agit d’un ouvrage qui devrait servir à caler les meubles. Tout comme d’ailleurs Une comédie sous les tropiques, un roman publié aux Editions Harmattan, dénué de toute qualité littéraire mais dont le but inavoué est de faire porter à son auteur le titre de romancier comme certains despotes militaires glanent les décorations. Syndrome du maréchal Tito. Le roman porte sur la dénonciation de l’emprise des armées sur la politique africaine. Un coup d’oeil sans doute sur le régime qu’il défend lui-même sur le plan international.
Disciple de l’ancien Premier ministre Edem Kodjo, qui l’a fait entrer dans les cercles de la politique française, Robert Dussey a été fait Chevalier de la Légion d’honneur française en 2012. Avec l’affaire de plagiat, il passe en mode Déshonneur.
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